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Filtrer les éléments par date : juillet 2014

Des espaces devenus « stratégiques »

Certains de ces déserts sont devenus des lieux stratégiques sous l’impulsion de différents facteurs :

Pour l’importance des ressources énergétiques et minérales (puits de pétrole dans les déserts)

Pour leur potentiel d’extension des espaces agricoles, notamment en défrichant les déserts verts ou en fertilisant le sol des déserts arides (comme le fait actuellement l’Arabie Saoudite).

Pour le potentiel touristique (excursions en traineau dans les déserts blancs, trekking dans les déserts arides,…).

Pour contrôler des portions de territoires (accès à la mer ou à d’autres pays pour le commerce). Au Brésil par exemple, le gouvernement s’implante selectedment en Amazonie pour affirmer cette portion de territoire comme étant la leur et éviter ainsi que les pays voisins ne s’y installent. En Mauritanie, des portions de désert sont fortement gardée par les autorités car on pourrait y construire un pipe-line.

Cette prise d’importance de certains territoires jusque-là laissé à l’abandon implique de nouvelles formes de peuplement, notamment en Arctique.

Durant la Guerre Froide, le contrôle de l’océan arctique était primordial (situé entre les USA et l’URSS) ce qui provoqua la construction de bases militaires. En outre, lorsque le prix du pétrole augmenta, on y construisit des plateformes pétrolières offshores (avant ce n’était pas rentable par rapport au prix du pétrole) mais aussi des complexes miniers et des agglomérations industrielles. Ainsi, dans les années ’30, l’URSS construisit la ville de Norilsk pour l’extraction et le traitement du nickel. La ville compte 230.000 habitants vivant à une température moyenne de -40°. On remarque l’architecture ‘stalinienne’ visant à marquer l’empreinte russe sur ce territoire.

Cette ‘colonisation’ de l’Arctique dut faire face à une importante difficulté : assurer à le renouvellement de la main-d’oeuvre. En effet, la précarité des conditions de vie (plus d’homme que de femme, pas de divertissement,…) et les difficultés physiologiques d’adaptation à ce milieu (peu de clarté par jour, froid,…) limitent le nombre de volontaires. Deux solutions ont été envisagées : l’incitation (primes, hauts salaires,…) et les recrutements forcés (Goulag soviétique).

Autre difficulté, le réchauffement climatique est fort perceptible dans l’océan arctique.

Or, la fonte du permafrost (rose clair : années 2000 ; rose foncé : années 2100) risque d’endommager les infrastructures, ce qui limite le peuplement à grande échelle de cette zone.

Toutefois, la fonte de la banquise (bleu clair : années 2000 ; bleu foncé : années 2090) va ouvrir l’océan arctique et tracé de nouvelles voies maritimes (nouvelles opportunités de développement de cette zone).

Cette ouverture va complétement changer la géopolitique de l’Arctique. Cette perturbation de la géopolitique soulève deux questions :

- Quels pays auront une juridiction sur ces terres nouvelles ?

- Quels droits auront les organismes nonétatiques (compagnies pétrolières,…) et les autochtones vivant sur ces terres ?

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Les contraintes environnementales

Au sein de ces vides de peuplement, on retrouve des conditions physiques difficiles qui empêchent ou limitent fortement l’agriculture (et donc le développement humain).

Dans les déserts froids, il y a des conditions physiques extrêmes. Le froid est presque permanent (moins de 150 jours sans gel par an). Le permafrost empêche les cultures ou le dégel périodique de la couche superficielle du sol entrainent une production alimentaire endogène très limitée. L’agriculture n’est pas possible partout, les ressources sont en outre limitées.

Pour les parties les plus au nord, les ressources proviennent de la biomasse de la mer et des grands lacs (poissons, phoques, …). Pour les zones plus au sud, les lichens et herbes rases permettent la survie de grands mammifères qui sont alors chassés ou élevés extensivement par l’homme.

Les déserts secs se caractérisent par l’aridité du sol (précipitations inférieures à 300mm/ an, seuil nécessaire pour l’agriculture). Le sol a également une évapotranspiration potentielle (ETP) trop faible. Une agriculture pluviale est dès lors trop aléatoire ou impossible.

Dans de telles zones, la formations de noyaux sédentaires est inconcevable sans un apport complémentaires d’eau (nappes souterraines, cours d’eau allogènes (prenant source ailleurs)). Dans les déserts verts, on trouve une double contrainte :

La forêt dense complique la maîtrise du territoire lorsque les moyens techniques sont rudimentaires.

Médiocrité des conditions sanitaires : la chaleur humide favorise l’entretien d’éléments pathogènes transmis notamment par les moustiques (paludisme, fièvre jaune, maladie du sommeil, …).

La répartition des cas de fièvre jaune (30.000 décès/an), de paludisme (1.000.000 décès/an) et de trypanosomiase africaine, couramment appelée maladie du sommeil (50.000 à 70.000 nouveaux cas par an), montre bien que les déserts vert et secs sont les plus touchés.

Dans les déserts d’altitude, la principale contrainte est le froid qui ne permet pas la pratique de l’agriculture. En effet, la température chute de 6° pour 1000m.

Chaque région a sa propre limite au-delà de laquelle l’agriculture n’est plus possible :

300 m en Islande

2.000 m dans les Alpes

4.000 m dans l’Himalaya

D’autres contraintes viennent s’ajouter au froid, notamment la pente (nécessite des aménagements en terrasse pour les cultures) et l’isolement (pas d’apport de l’extérieur).

À l’origine, ces vides de peuplement étaient occupé par des populations éparses (se déplaçant pour trouver des ressources), souvent mobiles, formées de chasseurs-cueilleurs / pêcheurs ou éleveurs. On retrouve tout de même quelques noyaux sédentaires (oasis du Sahara, vallées des fleuves allogènes,…).

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Les déserts verts

Il s’agit des milieux forestiers tropicaux humides et équatoriaux. Ils s’étendent sur 18 millions de km² (12 % des terres émergées) et ont une densité assez modeste (1 à 2 hab/km² en Amazonie, 1 à 10 dans la forêt équatoriale d’Afrique).

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Les déserts secs

Ils sont localisés dans la diagonale aride de l’Eurasie (du Sahara occidental au désert de Gobi), en Afrique subsaharienne (le Kalahari, désert du Namib), en Amérique latine (désert d’Atacama) et en Australie (grand désert de Victoria). Ils se caractérisent par une présence humaine plus affirmée. Ils s’étendent sur 15 millions de km² (10% des terres émergées) et comptent près de 100 millions d’habitants (densité moyenne : 5 hab /km²).

Attention : sur les 100 millions d’habitants, 80 millions sont concentré dans les vallées du Nil, du Tigre et de l’Euphrate.

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Les déserts blancs

Ils sont localisés dans le nord de l’Eurasie et de l’Amérique, en Scandinavie, en Sibérie et dans les îles de l’Arctique. Ils sont caractérisés par une présence humaine des plus discrètes. Ces déserts froids s’étendent sur 20 millions de km² (13% des terres émergées) et comptent moins de 10 millions d’habitants (densité moyenne : 0,5 hab/km²).

On y retrouve deux formes dominantes d’occupation : de grandes agglomérations (en Russie : Mourmansk (600.000 hab), Arkhangelsk (500.000 hab) ou de petits noyaux de 100 à 1.000 habitants séparés par de vastes étendues vides.

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Political ecology

On arrive dès lors à la notion de "political ecology".

Les interactions entre la société et l’environnement dépendent de l’organisation sociale de la société, l’exploitation des ressources ou la réduction des contraintes dépendant des :

- Idéologies et représentations associées
- Rapports sociaux (accès aux ressources / exposition aux risques variables)
- Institutions

De plus, l’évolution socio-économique détermine, à un moment et à un endroit donné :

- Quelles ressources naturelles productives font l'objet de tentatives d'appropriation
- Par quels groupes sociaux ces ressources sont captées
- De quelle manière elles sont captées (conflictuelles ou non)

Par exemple : les relations contrastées entre densité de population et altitude Sur les trois courbes, on remarque une forte diminution entre 0 et 400m d’altitude, ce qui tend à rejoindre les idées déterministes (les sociétés s’installent dans les plaines pour ne pas avoir à grimper sans cesse).

En Afrique, on remarque tout de même une légère reprise sur les hauts-plateaux (750-2000m).

En Amérique latine, on observe un pic vers 1750m.

Comment expliquer ces reprises ?

Pour l’Amérique latine, les plaines paraissent moins sûres, moins salubres, moins fertiles ou plus difficiles à défricher (forêt amazonienne).

Pour l’Afrique, l’explication est plus compliquée.

On remarque toutefois que les zones à forte densité de population sont bel et bien situées en hauteur.

Pour mieux comprendre les raisons de ce peuplement en altitude en Afrique, il faut recourir à un nouvel instrument de synthèse : le schéma fléché.

Les objectifs de tels schéma est de dégager les traits essentiels d’un phénomène (faire la part entre ce qui est important et ce qui est secondaire) et mettre en évidence les relations et interactions entre les différents faits.

Il existe trois types différents de schéma fléchés :

Schéma linéaire : représentation d'un enchaînement du type cause/conséquence (par exemple les enchaînements liés au terme relief et zone refuge dans le schéma "systèmes de fortes densités dans les montagnes africaines").

Schéma circulaire : représentation d'un d’enchaînement du type cause/conséquence cyclique (par exemple le schéma "l’homme et le moustique" page 79).

Schéma systémique : représentation montrant le fonctionnement d'un système. Ce type est plus complexe, avec un aspect dynamique (par exemple l’ensemble du schéma "systèmes de fortes densités dans les montagnes africaines"). Les étapes de la construction d'un schéma fléché :

1) Sélectionner l'information : trier l'essentiel de l'accessoire en fonction de l'objectif recherché (ce que l'on essaye d'expliquer). Il faut donc commencer par dégager des unités d'informations pertinentes.

2) Organiser l'information : classer l'information retenue, la hiérarchiser selon son importance ou le rôle qu'on lui assigne, en distinguant soigneusement facteurs explicatifs (causes) et conséquences …. tout en sachant que, dans de nombreux cas, une cause peut être une conséquence et vice-versa.

3) Choisir un type de schéma.

4) Choisir les éléments de représentation : figures géométriques, flèches (pour indiquer le sens des relations), taille, couleur, …

5) Réaliser la figure proprement dite, ce qui nécessite souvent plusieurs essais pour obtenir un document pertinent et qui reste compréhensible sans texte à l'appui.

Retournons au cas de l’Afrique :

Il s’agit d’un schéma systémique avec deux sous-schémas linéaires (relief et zone refuge).

L’explication du peuplement en altitude en Afrique s’explique par de nombreux facteurs (environnementaux et socioculturels) se renforçant les uns les autres.

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Un débat éculé

Ce débat n’aboutit à aucune certitude.

Les faits physiques (climat, végétation, sols, …) sont des facteurs influençant les activités économiques et les comportements sociaux mais sont également des facteurs variables selon le contexte socio-économique et technique de chaque civilisation.

De plus, un fait physique ne devient une ressource ou une contrainte que sous certaines conditions et ces dernières évoluent dans le temps. Ainsi, jusqu’aux années 1930, le minerai d’uranium n’était pas une ressource mais un simple caillou ; jusqu’à la seconde moitié du XIXe siècle, la neige n’était pas une ressource économique mais une contrainte à l’aménagement de la montagne.

Une contrainte peut donc devenir une ressource, le milieu ne fixe donc pas de manière immuable une civilisation.

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Introduction: La formation de l’espace des hommes

Les espaces des hommes montrent une forte stabilité des contrastes de peuplement à petite échelle sur le long terme. L'espace des hommes actuel trouve en effet son origine dans l'histoire ancienne, antérieure au début de notre ère.

Trois questions principales se dégagent de ce constat :

  • Quelles sont les limites du peuplement humain ?
  • Comment se forment les continents humains ?
  • Comment se forment les archipels de peuplement ?


Pour qu’il y ait un peuplement, il faut certaines conditions fondamentales. De fait, le peuplement d’une portion de surface terrestre se fait en fonction de la capacité des sociétés à prélever, produire, et amener des aliments et de de l’eau (aussi bien pour l’homme et l’élevage que pour la culture). Cette capacité dépend de deux variables :

· les conditions de l’environnement physique (climat, composition du sol, relief,…).

· Les bases socio-économiques des populations (mode d’agriculture, commerce,…). Ces bases socio-économiques dépendent elles-mêmes des systèmes techniques, des structures sociales, des représentations,…

Il existe un débat de longue haleine sur le poids des conditions environnementales dans l’explication du peuplement. Ce débat découle de la géographie classique (fin 19e-début 20e) qui s’applique à mettre en relation les faits sociaux et les faits physiques. Deux courants vont s’opposer dans ce débat :

- Le déterminisme naturaliste

Le déterminisme est l’idée que l'organisation politique des sociétés est le produit des conditions climatiques.

Il se retrouve déjà dans de nombreuses sociétés anciennes. Il s’agit alors de l’idée que le mouvement des étoiles, les caractéristiques climatiques, … ont un impact sur les activités et les comportements humains. Ces idées se retrouvent chez d'anciens philosophes grecs (Aristote : « Les habitants des régions froides sont pleins de courage et faits pour la liberté ») et de penseurs de l'époque des Lumières (Montesquieu intitule un chapitre de son Esprit des Lois « Des lois dans le rapport qu’elles ont avec la nature du terrain »).

L’influence darwiniste (l’adaptation ou la mort) joua un rôle prépondérant dans le déterminisme. En effet, le développement d’une espèce se fait par la sélection naturelle de l’environnement. C’est donc ce dernier qui modèle les différentes civilisations.

L’idée générale est donc que la nature forge la société. La répartition des activités et des comportements sociaux se fait selon les possibilités ou les contraintes imposées par le milieu naturel. C’est une logique de causalité linéaire (action-réaction) : l’environnement ‘cause’ la civilisation.

- Le possibilisme environnemental

À l’opposé du déterminisme, on retrouve le possibilisme de Febvre et de l’Ecole française de géographie.

L’idée principale du possibilisme est que « la nature propose, l’homme dispose ». Le milieu naturel est alors vu comme un facteur explicatif parmi d’autres, la mobilité et l’esprit d’initiative humain expliquent qu’il existe de multiples réponses possibles (d’où « possibilisme ») aux données du milieu. L’argumentaire de cette conception se base sur le contre-exemple. Par exemple, les déterministes vont expliquer que le centre des USA est peu peuplé car occupé par des montagnes ; les possibilistes vont alors utiliser le contre-exemple des Andes, chaine de montagne fortement peuplée, pour démontrer que le milieu n’influe pas sur le peuplement d’une région.

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