La décolonisation au Proche et Moyen-Orient
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Au Proche-Orient, les pays recouvrent peu à peu leur entière indépendance alors que la création de l'Etat d'Israël, en 1948, et l'exploitation des richesses pétrolières provoquent déjà des crises sérieuses avec l'Occident.
La fin des mandats. Au Liban et en Syrie, la contestation des mandats confiés à la France par la SDN à la suite du démantèlement de l'Empire ottoman e contraignent les français à stopper toute velléité de mainmise sur ces territoires et à promettre l'indépendance accordée au milieu de troubles très violents en mai 1945. Alors que l'armée française commence à riposter, la Grande-Bretagne lance un ultimatum à la France pour l'obliger à céder. De son côté, le Royaume-Uni a accordé successivement l'indépndant à l'Irak (1930), à l'Egypte (1936) sous réserve de quelques positions au Caire, à
Alexandrie et sur le canal de Suez, et à la Transjordanie (1946). La création de l'Etat d'Israël en 1948 né de la convergence d'une conviction millénaire, le sionisme (retour à Sion = Jérusalem) amène les juifs dispersés dans le monde entier à rejoindre ceux qui étaient demeurés en Palestine. La Grande-
Bretagne, après avoir patronné l'idée d'un Foyer national juif par la déclaration Balfour (1917) est revenue à une politique proarabe, consistant à stopper l'émigration et à fractionner le territoire qui resterait sous influence anglaise, mais la
Seconde Guerre mondiale joue un rôle d'accélérateur : la révélation du génocide renforce dans l'opinion publique la cause du sionisme et accélère l'arrivée des Juifs en Palestine. La question palestinienne est-elle soumise en 1947 à une commission
d'enquête de l'Organisation des Nations Unies qui recommande de constituer un Etat juif, un Etat arabe et
d'internationaliser Jérusalem selon un plan de partage accepté par les Juifs, mais rejeté par les Arabes. Sans attendre la réalisation du plan, la Grande-Bretagne décide de mettre fin à son mandat en mai 1948. Dès le 14 mai, les
Juifs proclament l'Etat d'Israël, immédiatement reconnu par les Etats-Unis et l'Union soviétique. Aussitôt les armées arabes pénètrent en Palestine. Les opération militaires (1949) tournent à l'avantages des Israéliens avec lesquels les Arabes concluent une des armistices. Les accords de cessez-le-feu mettent un terme à la lutte armée, non à l'état de guerre.
Jérusalem est partagée entre les Israéliens et les Transjordaniens qui annexent la rive droite du Jourdain et constituent ainsi la Jordanie en 1950. L'Egypte annexe la bande de Gaza. En mai 1949, Israël est admis à l'ONU. La Ligue arabe refuse de reconnaitre le fait accompli et conclut un pacte de défense entre pays arabes en avril 1950.
– L'instabilité politique. Les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne adoptent une position commune en mai 1950. Par une déclaration tripartite, ils décident de restreindre les ventes d'armes aux seuls pays qui s'engageraient à ne commettre aucune agression, et surtout ils garantissent le statu quo territorial.
– L'enjeu pétrolier. Les rivalités, dues aux riches gisements de pétrole du Moyen-Orient, s'ajoutent aux problèmes politiques. Les Etats-Unis, par compagnie privées interposées, tentent de s'assurer une part de la production pétrolière de la région. Ils se heurtent aux intérêts britanniques. Les compagnies pétrolières sont confrontées aux nationalismes, à l'occasion de la construction d'oléoducs destinés à acheminer le pétrole vers la Méditerranée ou de la négociation de conventions. Leurs profits sont considérables, puisqu'en 1950 l'Iran ne touche que 9% de royalties de l'Anglo Iranian Oil Company. En mars 1951, sous la pression des milieux nationalistes, menés par Mossadegh, le parlement iranien décide de nationaliser les pétroles et en particulier les bien de l'Anglo Iranian Company. Cette crise tourne à l'épreuve de force anglo-iranienne et à un conflit interne grave : Mossadegh est finalement arrêté le 24 août 1953. Les Intérêts anglais et américains retrouvent leur assise dans un régime autoritaire sous la direction du Shah.
– Le conflit anglo-égyptien. Les Anglais prennent en 1948 l'initiative de favoriser l'accession à l'indépendance du Soudan, ce qui a pour effet d'y éliminer l'influence égyptienne. Par réaction, en 1951, e gouvernement de Nahas Pacha décide de demander au Parlement l'abrogation du traité anglo-égyptien en 1936 (qui devait rester en vigueur jusqu'en 1956) et la proclamation du roi Farouk, « roi d'Egypte et du Soudan ». L'Angleterre s'y oppose avec vigueur et envoie d'importants renforts dans la zone du canal, manifestant ainsi sa volonté de s'y maintenir. Les Etats occidentaux proposent à l'Egypte d'assurer la défense du canal par un organisme international commun auquel elle adhèrerait. A la suite d'émeutes anti-britanniques au Caire en 1951 et 1952, la tension anglo-égyptienne est de plus en plus vive jusqu'à la décision du roi Farouk de remplacer Nahas Pacha par un Premier ministre plus conciliant.
Après le coup d'Etat d'un groupe d'officiers sous la direction du général Neguib, le roi Farouk abdique, la monarchie est abolie et le général Neguib devient président jusqu'à son limigeage et son remplacement par le colonel Nasser (1954). Le grand dessein de celui-ci est l'union des peuples arabes. Il réussit à signer avec l'Angleterre un traité définitif assurant l'évacuation des troupes britanniques. Il adopte un neutralisme anti-occidental et annonce sa volonté d’anéantir l'Etat d'Israël.
Face à tous ces remous, la Grande-Bretagne soutient l'initiative de l'Irak et de la Turquie de conclure un traité « pour assurer la stabilité et la sécurité au Moyen-Orient » (1955). Au cours de la même année, la Pakistan et l'Iran adhèrent au pacte de Bagdad. L'Egypte de Nasser et l'Union soviétique protestent vivement contre le Pacte de Bagdad, que les Etats-Unis considèrent comme l'une des clés de leur système de défense.