Médecine occidentale et orientale
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Parvenu à des sommets en matière de progrès scientifiques, le mode de pensée de médecine occidentale a bien du mal à accepter les autres formes de médecine. Or, elle aussi possède ses frontières, même si elle n’arrive pas toujours à admettre ses propres limites… Limites dans lesquelles elle s’est renfermée d’ailleurs : de plus en plus fragmentée, de plus en plus chère, elle n’est plus aussi accessible à toutes les couches de la population qu’avant. En outre, les connaissances en matière populaires sont en chute libre, il n’y a plus de lien entre la maladie et le contexte de vie, les gens sont devenus dépendants de médicaments aux effets secondaires dévastateurs… Peut-être serait-il temps de songer à briser ces chaines entourant les territoires des savoirs et des institutions, de travailler ensemble afin d’être « en confluence plutôt qu’en concurrence », et de trouver des solutions plus efficaces pour guérir au mieux les malades actuels.
Avant, l’ethnomédecine était définie comme la médecine des peuples traditionnels. Mais aujourd’hui, elle se définit plutôt comme la médecine traditionnelle des peuples. Cette évolution dans la pensée permet donc de détrôner la médecine occidentale de la place centrale et universelle qu’elle s’était attribuée, et de la qualifier désormais comme l’expression d’une civilisation parmi tant d’autres. En effet, avec la cohabitation des techniques, s’impose un nouveau dialogue entre l’Occident et l’Orient dans la mondialisation actuelle. A ce stade-ci, il s’avère utile de définir la notion de santé selon l’OMS : bien-être physique, relationnel, social et environnemental. Bref, une définition qui inclue différentes facettes essentielles à tout être humain, et ne le réduisant pas qu’à un être vivant dépourvu de toute émotion et pensée. Or, c’est ce à quoi tend le mode de médecine occidentale, avec sa formule de « to cure » : Un soin biomédical visant à lutter contre la maladie, à travers des médicaments et autres traitements où le patient s’avère être passif. Les sciences l’emportent sur l’être humain, devenu terrain de combat entre progrès scientifiques et sa maladie. Le modèle de pensée chinoise traditionnelle nous propose par contre une autre voie : celle du « to care », c’est-à-dire prendre soin du patient comme une entité émotionnelle, pour laquelle il faudrait privilégier l’aspect psychologique, social, environnemental. Dans cette démarche, on aide le patient à surmonter sa maladie. Le malade, encouragé dans ce système où il se prend lui-même en charge, devient ainsi actif dans sa phase de guérison. Ici, on utilise les sciences comme un outil pour l’être humain.
La maladie était considérée dans le monde comme une sanction suite à une rupture d’interdits (nécessaires à l’équilibre de la société). Rester en bonne santé signifiait donc ne pas tomber malade, et le médecin ou guérisseur était une personne sachant faire le lien entre le malade et les forces de la nature : il s’agissait des qualités des hommes-médecines des sociétés traditionnelles. Mais selon la pensée chinoise, la maladie était vue comme une sorte de déséquilibre ou une rupture d’équilibre entre l’organisme et le milieu. Il s’agissait donc de renforcer le terrain pour surmonter la maladie, le déséquilibre et ré-harmoniser le patient avec les forces énergétiques de l’Univers. L’accent a donc toujours été mis chez eux sur la prévention, le maintien d’équilibre émotionnel, l’habitat, le maintien corporel (sport) et charnel (sexe). Un équilibre englobant l’être humain dans toute sa totalité, telle était la vision des Chinois déjà à une époque lointaine. Mais aujourd’hui pourtant, la médecine traditionnelle a souffert d’acculturation car on l’enseigne comme la médecine occidentale. Pour remédier à cela, on tente de réintroduire la philosophie du Tao (métaphysique à retrouver). D’autre part, on tente également de prouver son efficacité avec les méthodes occidentales, car en 2003, alors que la grippe faisait ravage en Chine et que le système occidental n’a pas réussi à l’arrêter, la médecine traditionnelle chinoise a adapté sa stratégie par rapport au terrain et non à la maladie, et avec l’aide du système occidentale, elle a triomphé sur ce fléau qu’était la grippe. L’efficacité de cette complémentarité d’espaces et de mouvements d’une part (MTC) et d’objets et de sujets (système occidental) s’illustre donc bien à travers cet exemple.
Le problème de la médecine occidentale est donc bien d’admettre ses limites dans lesquelles elle s’est enfermée. Elle est de plus en plus fragmentée, de moins en moins accessible car plus chère, les connaissances populaires de soin se dégradent, les liens entre maladie et contexte de vie ne se font plus, l’inefficacité programmée des médicaments et leurs effets secondaires dévastateurs perturbent les gens… D’ailleurs, une étude de l’OMS a montré que le nombre de cancer avait augmenté avec le taux d’industrialisation. Dans le livre « La société cancérigène », les auteurs parviennent à des conclusions surprenantes : un homme sur trois et une femme sur quatre décéderaient du cancer… Il s’agit de réellement conscientiser les médecins des rapports entre maladie et environnement, d’où l’intérêt de mettre en place des formations en santé publique, environnement et société. Selon la MTC, si quelqu’un pollue son environnement, alors il pollue son organisme : on ne peut dire plus vrai…
L’Occident doit donc se faire violence pour mettre son orgueil démesuré et déplacé de côté et arrêter de se prendre pour le centre du monde, source d’où jaillirait « l’Unique et Seule Vérité ». Il faut qu’elle accepte les métaphysiques fondatrices des autres savoirs comme des outils de compréhension du monde, et pouvoir les utiliser afin de combler ses lacunes. A l’image de l’équipe de salle d’opération composée de différents types de médecins mettant leurs savoirs, capacités et efforts respectifs en commun pour réussir à sauver le patient, la pensée médicale occidentale doit elle aussi faire preuve de maturité et faire équipe avec d’autres médecines pour pouvoir guérir et sauver au mieux les malades du monde entier.