Qu’est ce qu’un choix ?
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Une chose est de justifier la nécessité de traiter différemment choix et circonstance. C’en est une autre de déterminer ce qu’est un choix. La notion de choix affleure à de multiples occasions dans le débat public. Considérons les deux exemples suivants: ‐ Principe de gratuité des secours : Les accidents de montagne en sont un exemple emblématique comme nous l’avons indiqué. Il est fréquent que le « hors‐pistes » fasse l’objet d’une clause d’exclusion dans les contrats standard d’assurance responsabilité civile. Mais il existe aussi un débat autour de l’article 54 de la loi française de février 2002 sur la démocratie de proximité qui ouvre la possibilité pour les communes d’exiger remboursement de tout ou partie des frais de secours… Interrogé à ce propos, le sénateur Jean Faure, promoteur de l’article faisait la réflexion suivante : « Il ne s’agit que d’une participation aux frais, dont le montant est laissé à l’appréciation des communes » garantit le sénateur qui, de cette façon, espère « responsabiliser les pratiquants, limiter les actes d’imprudence et les comportements imbéciles » ». Les sommes concernées peuvent être considérables. « De 3000 à 7000 euros pour une intervention banale nécessitant le recours à l’hélicoptère, la note peut monter jusqu’à 70.000 euros, voire davantage, pour un sauvetage nécessitant la présence de dizaines de secouristes pendant plusieurs jours ». ‐ La recherche d’ivresse alcoolique : « Se saouler jusqu’au coma est devenu un sport prisé parmi la jeunesse autrichienne. 1230 mineurs ont fini aux urgences entre janvier et mai. Un nombre assez alarmant pour que le gouvernement décrète une campagne d’information, un plan prohibitionniste et le contrôle systématique de l’âge des buveurs. […] Le phénomène prenant de l’ampleur et générant un coût financier (500 à 1000 euros par intervention, on cherche des responsables.[…]. Dorénavant les mineurs seront pourvus de cartes d’identité spécifiques. Jaunes pour les moins de 16 ans, bleues pour leurs aînés, qui non seulement ont le droit de boire mais ont obtenu, les premiers en Europe, le droit de vote. […]. Et si les campagnes d’informations et mesures prohibitionnistes ne portent pas leurs fruits immédiats ? La caisse d’assurance sociale de Haute‐Autriche menace d’exiger le remboursement de l’intervention : « il ne s’agit pas d’une maladie » se défend son directeur.
Deux remarques par rapport à la notion de choix. Primo, le recours à la ligne de démarcation entre choix et circonstance repose sur un postulat anthropologique selon lequel l’homme est au moins partiellement libre. Plus l’on considère les êtres humains comme déterminés, plus vaste sera le champ des inégalités à réduire (ex ante) ou compenser (ex post). Plus la part de liberté dans nos actions est jugée importante, plus il y aura de la place pour des inégalités non compensées. Les sciences sociales et naturelles ont souvent tendance à conclure au caractère plus déterminé que nous ne le pensons de nos comportements. Mais il se peut aussi que ce soit dans une certaine mesure le résultat d’un biais des sciences ellesmêmes dont la vocation est d’identifier les causes des phénomènes. Ceci dit, ce qu’il importe d’ajouter par rapport au déterminisme, c’est que certains tenants de la gauche auront tendance à expliquer le comportement des agents par des causes qui réduisent leur responsabilité. Et des acteurs de la droite auront évidemment tendance à contester de tels déterminismes, en expliquant les situations tant que possible comme résultant des choix des individus.