Après Boas : le culturalism
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La génération d’anthropologues qui a pour une bonne part suivi l’enseignement de Franz Boas est souvent désignée comme emblématique du culturalisme.
L’héritage de Boas sur quelquesunes des idées centrales de ce courant de pensée est manifeste.
Les anthropologues culturalistes insistent largement sur la détermination culturelle des individus, les différences entre les cultures, et la cohérence qui caractérise chaque culture.
Les enfants sont ainsi façonnés par la culture dès leur plus jeune âge : la culture est intériorisée.
Elle détermine les manières de penser et d’agir des individus de l’intérieur, au cours de laquelle sont intériorisées de façons d’être au monde, de l’appréhender, de le penser, et de se comporter en son sein.
Si c’est le terme de socialisation qui est aujourd’hui le plus largement utilisé pour évoquer ce processus d’intériorisation de manières de penser, de voir, d’agir, d’apprécier et de sentir qui fait que les êtres humains sont toujours dotés d’un patrimoine de dispositions socialement et historiquement spécifiques, c’est toutefois le terme « enculturation » qui était privilégié par des anthropologues culturalistes.
Comme Boas, les culturalistes considèrent donc les cultures dans leur particularité, chacune possédant ses propres caractéristiques.
Et corrélativement, ils insistent également sur le caractère fortement intégré et cohérent de chaque culture.
Ils s’appuient sur le postulat de l’unité de l’humanité pour souligner l’ampleur de l’influence culturelle sur la formation des sujets : à partir d’une nature humaine partagée, la diversité des cultures démontre toute la place que le phénomène culturel occupe dans la fabrique de l’homme.
Chez certains anthropologues culturalistes, la conception de la culture comme un tout fortement cohérent et partagé par les membres d’une « culture » a même pu être poussée assez loin, en étant appliquée non seulement à l’étude de sociétés de petite taille mais aussi à l’échelle d’ensembles plus vastes.
Les débats auxquels a donné lieu le culturalisme sont complexes et s’étendent sur plusieurs décennies. Ce courant présentait aussi une certaine hétérogénéité.
Des critiques plus radicales à son égard se développeront cependant dans le dernier tiers du XXe siècle.
Ainsi, on a reproché de manière de plus en plus directe aux anthropologues culturalistes de surestimer le caractère partagé d’une « culture » au sein d’un groupe humain, ainsi que la cohérence des « cultures ».
On l’a vu, cette critique était déjà présente au sein même de l’école culturaliste, dont la cohérence intellectuelle ne doit donc pas être surestimée.
Mais dans le dernier tiers du XXe siècle émergeront des conceptions de la culture qui insisteront bien davantage sur le caractère inévitablement dynamique et changeant des cultures, sur leur pluralité interne. La contestation et la critique de leur caractère cohérent et partagé se fera donc plus frontale et radicale.
Un débat critique sur les enjeux politiques de l’usage du terme « culture » se développera également, questionnant les instrumentalisations politiques qui peuvent être faites d’un présupposé comme celui de la cohérence et du caractère partagé d’une « culture ».