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De 1848 à 1914

Dans la plupart des pays où il y a eu des relations difficiles entre Eglise et Etat, celles-ci se sont focalisées sur la question de l’enseignement. En Belgique, on avait créé, via la Constitution, diverses libertés (de religion, d’enseignement,…) mais on n’avait pas organisé de manière précise les relations entre l’Eglise et l’Etat. L’Eglise reste bien structurée et puissante. Elle va prendre en charge, dès l’indépendance de la Belgique, de nombreuses activités – notamment en matière d’enseignement. En assurant la formation des jeunes, elle renforce son poids sur la société. Il va donc y avoir un nombre important de conflits en conséquence.

a. La Loi Nothomb (1842)

- Toutes les communes doivent disposer d’une école primaire. Mais elles peuvent décider d’adopter une école libre : autrement dit, elles peuvent créer une école primaire (communale), ou consacrer une école libre, organisée par l’Eglise. Par conséquent, dans beaucoup de communes, surtout à majorité catholique, on va adopter l’école déjà existante, catholique. Dans les communes libérales, on créera des écoles primaires officielles.

- Le cours de religion est obligatoire – peu importe le réseau (officiel ou libre).

- Le clergé a un droit de regard sur les manuels, peu importe les écoles, et peut donc refuser ce qui lui semble non convenable.

- Aucun diplôme n’est requis pour enseigner : toutes les congrégations, tous leurs membres, peuvent enseigner, pour peu qu’ils en aient envie.

Les libéraux ont fait cette concession car ils ne voulaient pas de rupture de l’ordre unioniste encore en vogue à l’époque. Qui plus est, même dans les milieux libéraux, on continue à considérer que la religion est une bonne façon de garder le contrôle sur la société, et surtout les masses ouvrières.

b. Loi sur l’enseignement moyen (1850)

Les libéraux forment une majorité parlementaire et au gouvernement. Ils promulguent une loi beaucoup moins favorable à l’Eglise.

- On crée un véritable enseignement de l’Etat pour les secondaires : dix athénées et cinquante écoles moyennes dépendant de l’Etat. Notons néanmoins que ces écoles étaient surtout fréquentées par la bourgeoisie, les pauvres n’allant pas au-delà de l’enseignement primaire. L’idée de dégager l’enseignement secondaire de l’emprise catholique plaisait donc aux libéraux.

c. Loi Van Humbeek (1879)

Les catholiques reviennent au pouvoir en 1870. Ils restent au pouvoir jusqu’en 1878. Après cette parenthèse de pouvoir catholique, on crée un ministère de l’Instruction publique. C’est une pierre dans le jardin des catholiques, qui pensaient qu’il n’y avait aucun besoin d’intervention de l’Etat en matière d’enseignement. On montre alors que l’enseignement relève de l’Etat. En 1879, le nouveau ministre

Van Humbeek va promulguer une nouvelle loi, qui va beaucoup plus loin.

- L’adoption est supprimée : chaque commune doit posséder une école communale, officielle – même s’il existe déjà une école libre sur leur territoire.

- Les enseignants doivent être diplômés d’une Ecole Normale de l’Etat. On est dans une société où les savoirs évoluent, et, qui plus est, on veut exiger un certain niveau des enseignants, qui doivent passer par l’Etat.

- Les cours de religion ne peuvent se donner qu’en dehors des heures de classe. C’est une mesure très dure : les cours de religion ne sont donc plus obligatoires, ils sont extraits du programme.

Une aile plus radicale des libéraux voulait supprimer complètement l’enseignement de la religion à l’école. C’est cependant la tendance la plus conciliatrice qui va l’emporter.

- La Loi Van Humbeek est votée à la Chambre, où les libéraux disposent d’une solide majorité.

Au Sénat, leur majorité est moins solide. On amène un sénateur libéral très malade, quasiment mourant : le projet est adopté à une voix de majorité. Il mourra quelques jours plus tard – la presse catholique présentera cela comme une punition divine.

- Cela montre à quel point le débat était vif… c’est le début d’une guerre scolaire.

d. La guerre scolaire

- Le clergé lance des attaques contre la loi : il refuse de donner cours dans les écoles publiques.

- Les catholiques mettent en place un enseignement libre parallèle (à l’origine du réseau catholique qu’on connaît aujourd’hui). Cet enseignement libre aura beaucoup de succès, malgré les efforts du ministre.

- Des pressions très dures sont imposées aux parents de part et d’autre. L’Eglise refuse les sacrements aux parents qui mettent leurs enfants dans les écoles officielles. Les administrations communales libérales vont faire pression sur leurs membres pour qu’ils mettent leurs enfants dans les écoles officielles.

- Cette guerre scolaire est la préoccupation majeure du gouvernement de 1878 à 1884. Il est obligé de démettre des bourgmestres qui refusent d’appliquer la loi. Il prend des mesures contre le clergé. Qui plus est, il faut lever de nouveaux impôts pour financer l’enseignement officiel : la pression fiscale sur la population augmente (« Gros » impôts).

- On a donc un pays divisé en deux sociétés parallèles, sur un clivage philosophique.

- On rompt les relations diplomatiques avec le Vatican.

La guerre scolaire est un moment vital dans l’histoire de Belgique – et sera la source de la défaite des libéraux en 1884. e. Loi Jacobs (1884)

Les catholiques reviennent au pouvoir en 1884.

- On rétablit le cours de religion (mais facultatif) dans le programme des cours.

- On rétablit la possibilité, pour les communes, d’adopter une école libre.

f. Loi Schollaert (1895)

- On rétablit l’enseignement obligatoire de la religion.

- L’Etat doit subventionner les écoles libres qui respectent les programmes légaux.

g. L’obligation scolaire

Il y a un certain nombre de réflexions sur l’opportunité de l’obligation scolaire pour toute la population. Les libéraux (et socialistes) sont très favorables à une obligation pour les enfants d’aller à l’école. Cette question est liée à la réglementation du travail des enfants (qui ne travailleront plus pour aller à l’école).

Les plus conservateurs (libéraux comme catholiques) vont défendre la liberté du père de famille de choisir entre l’école et l’usine pour ses enfants, contre l’obligation scolaire.

En 1914, on vote l’obligation scolaire jusqu’à douze ans pour tous les enfants. L’Etat prend en charge le traitement de tous les instituteurs.

La Belgique est un des derniers pays d’Europe à imposer l’obligation scolaire.

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