Menu

Deux relectures des rites de passage

1. La division instaurée par Van Gennep entre moments ou phases de séparation (pré-liminaire), de marge (liminaire) et d’agrégation (post-liminaire) a mené Victor Turner à relever notamment que le « rite de passage » lui-même pouvait, dans son ensemble, être considéré comme un phénomène liminaire entre deux états. Ce qui se joue à l’intérieur du rite, avec la scansion entre différentes phases, est aussi repérable au niveau de l’enchâssement social du rite dans son ensemble. Le moment rituel lui-même, dans sa totalité, peut ainsi être considéré dans la perspective ouverte par les rites de passages comme un moment liminaire entre deux temps sociaux, une forme de moment extra-quotidien structurant un avant et un après.

2. En proposant la notion de rite d’institution en lieu et place de celle de rite de passage, Pierre Bourdieu tenait d’abord à souligner le caractère essentiellement descriptif de la notion de rite de passage, qui offre certes des outils pour décrire les phases ou les étapes d’un tel rite, mais ne propose pas d’analyse de ce que fait le rite, de sa fonction sociale, ne s’interroge pas sur la nature de la limite sociale dont le rite assure le franchissement ou le passage. Or, le point de départ de la réflexion de Bourdieu est que s’il y a des passages et des états sociaux, c’est qu’il y a des limites, des frontières et des divisions sociales, constitutives d’un ordre social donné. Ainsi, pour Bourdieu, les rites d’institution tendent d’abord à naturaliser un ordre social, à le rendre « naturel » ou « allant de soi », « cad à faire méconnaître en tant qu’arbitraire et reconnaître en tant que légitime, naturelle, une limite arbitraire ». Le rite d’institution consacre un ordre, audelà de la célébration d’un passage. C’est là la raison pour laquelle Bourdieu suggère que la notion de rite d’institution touche davantage au coeur de ce qui est en jeu dans de tels rites que celle de rite de passage. Ces rites produisent des limites au sein d’un monde social, confirment une vision du monde en en consacrant les divisions.

Un rite qui opère ou sanctionne un passage est aussi et d’abord un acte d’institution qui ne fait sens et dont on ne peut comprendre la portée que si l’on rend compte de la façon dont il confirme et consacre un ordre social, un système de classements partagé au sein d’un monde social, et qui constitue une condition majeure de son efficacité, cad de la reconnaissance collective du « passage » ou de l’acte d’institution qu’opère le rituel.

Laissez un commentaire

Assurez-vous d'indiquer les informations obligatoires (*).
Le code HTML n'est pas autorisé.

Besoin d’avis?

Demandez maintenant un examen gratuit et sans engagement de votre site web.
Nous faisons un examen élaboré, et nous effectuons un rapport SEO avec des conseils
pour l’amélioration, la trouvabilité et la conversion de votre site web.

Audit SEO