L'Afrique
- Publié dans Histoire
- Lu 534 fois
- Soyez le premier à commenter!
- Imprimer
Entre 1975 et 1985, l’Afrique connait une très grande détresse, à causes des famines, des conflits et des rivalités entre grandes puissances.
L'accession à l'indépendance des dernières colonies
Mise à part le Congo et l’Algérie qui ont connu des indépendances dans la violence, les autres pays ont gardé des liens forts avec leurs anciennes métropoles surtout par le biais de groupement d’Etat comme le Commonwealth ou la Communauté française. Le 25 avril 1974, c’est la révolution portugaise, en aout la Guinée portugaise (Bissau) et les îles du Cap-vert obtiennent leur indépendance, en septembre c’est au tour du Mozambique, en novembre ce sont les îles Sao Tomé et Principe qui deviennent indépendantes. En Angola la situation est plus complexe, en novembre 1975 elle accède à l’indépendance mais plusieurs mouvements se disputent le pouvoir : l’UNITA (Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola) est aidée par l’Afrique du Sud et veut l’indépendance complète, le MPLA (mouvement populaire de libération de l'Angola) est soutenu par Cuba et l’URSS qui arrive à prendre le dessus sans arriver à éradiquer pour autant l’UNITA. C’est une ambiance de guerre civile.
Les raisons économiques de l'enjeu africain
A la fin des années 1970, le continent africain devient en enjeu capitale en raison de ses immenses richesses minières et de sa fragilité politique et économique. 75% des diamants, 20% de l’uranium etc. vient d’Afrique. Dans les années 80, les gros pétroliers délaissent le canal de Suez pour passer par le cap de Bonne-Espérance, au final 60% du pétrole à destination de l’Europe passe par là. Le contrôle de cette route et de ses étapes devient essentiel et l’Afrique devient en enjeu stratégique et une place de compétition entre les deux blocs.
L'implantation communiste
Les pays communistes comme l’URSS, Cuba et la Chine profitent de la décolonisation portugaise pour s’implanter en Afrique.
Moscou soutient inconditionnellement tous les luttes de libération et apporte systématiquement une aide financière aux rébellions ce qui favorise sa percée en Afrique. Le chef d’Etat de l’URSS, Podgorny fait le premier voyage en Afrique en mars-avril 1977 en faisant une tournée de quelques pays. Cela dit, l’action de l’URSS est souvent indirect pour éviter de reproduire les échecs de Somalie ou d’Egypte et passe par l’envoi de conseillers de RDA ou de Cuba. Dès 1965, Che Guevara fait une tournée en Afrique et en 1975 Cuba intervient massivement en Angola. Le leader socialiste Frelimo arrive au pouvoir au Mozambique grâce à l’aide cubaine (elle-même aidée par l’URSS). Le MPLA arrive enfin à prendre le pouvoir face aux autres mouvements plus pro-occidentaux en Angola. Cuba, par son implantation militaire dans 6 pays fait d’elle la première puissance étrangère en Afrique. Cuba agit à la fois en mercenaire à la botte de Moscou et de missionnaire indépendant. En mars 1977, Fidel Castro fait à son tour une tournée africaine.
En Afrique orientale, l’URSS s’implante d’abord en Somalie suite à un coup d’Etat de Syad Barré en 1969. En 1976, après un véritable retournement d’alliance, l’URSS délaisse la Somalie et se tourne vers l’Ethiopie devenu communiste en septembre 1974. Après un coup d’Etat, le colonel Mengistu Hailé Mariam devient chef de l’Etat en février 1977, et se lance dans une vaste campagne de conquête sur le plateau d’Ogaden où les populations somalie vivent. Aidé par Cuba, l’Ethiopie arrive à conquérir Ogaden en mars 1978 et à repousser la guérilla de l’Erythrée (ONU).
Au final, l’Angola, l’Ethiopie font partis du COMECON (Conseil d'assistance économique mutuelle pour les pays communistes), le Mozambique, le Congo et le Benin sont devenus des bastions de la politique de l’URSS, et l’Algérie et la Libye sont des alliés.
Les réactions occidentales
Carter a pris ses distance avec l’Afrique du Sud et n’est pas intervenu directement au Zimbabwe mais y a favorisé l’installation d’un gouvernement noir. Avec le traumatisme du Vietnam, le Congrès refuse de voter des crédits pour une aide militaire. La présidence de Reagan renoue avec une reprise de politique de soutient aux régimes anticommunistes, en particulier en Angola et au Zaïre.
La politique anglaise est discrète mais peut-être efficace comme au moment de la transition du Zimbabwe vers l’indépendance en 1980. Mais une crise éclate au sein du Commonwealth en 1986 car la politique de Thatcher vis-àvis de l’Afrique du Sud est jugée trop conciliante.
La France est un frein à la déstabilisation de l’Afrique et à l’expansion du communisme. La France est le gendarme de la région, elle a gardé des liens privilégiés avec d’anciennes colonies (Côte d’Ivoire), en a noué de nouveau (Zaïre) et continue à avoir une implantation militaire importante dans les DOM-TOM (Comores). La France a aussi passé des accords militaires avec ses anciennes colonies pour la fourniture d’armes et de conseillers militaires. En avril 1977, la France apporte son soutient à Mobutu au Zaïre menacé par l’incursion de troupes étrangères venant de l'Angola. Elle aide aussi le Tchad contre la Libye et la guérilla du Tchad, ainsi que le Maroc et la Mauritanie contre le Front Polisario en 1976 (mouvement armé du Sahara occidental créé pour combattre l’occupation espagnole et qui refuse l’emprise du Maroc sur le Sahara).
Les acteurs régionaux
L’Algérie de Boumediene de 1965 à 1978 joue un rôle très important dans le mouvement des non-alignés et pour le nouvel ordre économique mondial. Elle joue un rôle important de médiateur entre l’Iran et l’Irak ou entre la Lybie et le Tchad.
La Libye est peu peuplée mais possède de très grandes ressources pétrolières. Depuis la révolution du 1 er septembre 1969, c’est Kadhafi qui est au pouvoir. Au début il était fermement opposé au deux blocs mais il se rapproche peu à peu de l’URSS. Mais il est avant tout un nationaliste arabe qui met au profit de l’Islam les revenus issus du pétrole. Les tensions américano-libyennes atteignent leur apogée en avril 1986 quand les USA bombardent Tripoli et Benghazi. Au début des années 80, Kadhafi perd de son influence avec l’effondrement du prix du pétrole, ses déclarations intempestives et ses interventions militaires au Tchad.
Les conflits régionaux
Le Tchad a des populations variées dont les conflits internes attisé par la Libye débouchent sur une situation de rébellions où la France et la Libye doivent intervenir en avril 1978. En 1979, les accords Lagos reconnaissance le gouvernement d’Oueddeï comme légitime, mais il est renversé par Hissène Habré en juin 1982. Oueddeï repart alors à la conquête de la capitale aidé par la Libye. La Libye s’empare du nord du Tchad se qui pousse la France a envoyé des paras en aout 1983 se qui donnera en septembre 1984 un accord pour l’évacuation totale du Tchad. Mais les attaques pro libyenne d’Oueddeï obligent la France à intervenir de nouveau en février 1986 et à soutenir Habré dans sa reconquête des territoires du nord.
Le Sahara occidental était devenue espagnol par des accords avec la France au temps de la colonisation. Après les premières indépendances, ce territoire attire les convoitises du Maroc, Algérie et Mauritanie. Le Roi Hassan II du Maroc lance une marche pacifique vers le Sahara occidentale en novembre 1975. Franco, qui agonise, signe des accords en novembre 1975 pour le partage du Sahara entre la Mauritanie et le Maroc. Le Front Polisario au début favorable à un accord avec la Mauritanie, est poussé par l’Algérie à demander l’indépendance du Sahara occidental. Il proclame le 27 février 1976 l’indépendance après le départ des troupes espagnoles, aussitôt reconnu par l’Algérie, ce qui débouche sur des affrontements en janvier 1977 entre le Maroc et l’Algérie. En juillet 1978, le président Moktar Ould Daddah tombe et la Mauritanie se retire sous la pression de la guérilla du Front Polisario du conflit. L’Etat du Sahara est reconnu par l’Organisation de l’union africaine ou OUA en 1982, ce qui pousse le Maroc, de plus en plus isolé, à accepter le référendum d’auto-détermination.
L’OUA ne réalise pas le principe de panafricanisme et fonctionne comme un simple cartel de chef d’Etat, elle n’intervient jamais en raison du principe de non-ingérence et la balkanisation menace maintenant l’Afrique. Pour se protéger du Nigéria (83 millions d’habitants et une bonne armée), 7 pays d’Afrique ont signé en juin 1977, l’ANAD, un accord de non-agression.
L’Afrique du Sud est devenue indépendante dans les années 1950 et l’Apartheid y avait été installé. Mais depuis les années 1970, l’Union sud-africaine n’est plus à l’abri des évènements extérieurs et on assiste à une montée du nationalisme noire portée par l’African National Congress ou ANC. Même si l’opinion publique occidentale est favorable à cette lutte contre l’Apartheid, les enjeux économiques pousse les Etats-Unis et l’Angleterre à ne pas faire de pressions économique (cap pour les pétroliers, minerais, régime anticommuniste). Le président Botha essaye par la diplomatie de créer des liens d’amitié avec les pays voisins, mais sans succès, il use alors de la force militaire pour cadenasser ses frontières. Botha ne cesse de lutter contre les régimes rebelles d’Angola ou du Mozambique. La Namibie très riche en minerais, devenue mandat de l’Afrique du Sud, est instable à cause du mouvement de libération SWAPO soutenu par le MPLA et l’URSS.
La minorité blanche de Rhodésie réussit son indépendance en 1965 et s’oppose aux mouvements noirs. La Rhodésie, qui devient Zimbabwe, finit, sous l’influence du Royaume Uni, par se doter d’une association au gouvernement des noirs et des blancs, et accèdent enfin à l’indépendance réelle en avril 1980.