La déstabilisation de l'Amérique latine
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Une des régions les plus instables de la planète à cette époque à cause de la fragilité des structures économiques, les disparités sociales et la faiblesse des systèmes politiques facilitent l’extension des guérillas et la progression des courants marxistes. La domination nord-américaine est de plus en plus insupportable aux pays d’Amérique latine et en particulier d’Amérique centrale.
L'influence du modèle cubain
La période est marquée par de violentes secousses dus à la lutte entre les mouvements révolutionnaires marxistesléninistes et les régimes conservateurs au moment même où plusieurs îles du territoire britannique (Bahamas, Barbade, Belize,..) et néerlandais (Suriname) accèdent à l'indépendance. Cuba est le point de départ de la contagion révolutionnaire qui accompagnent les disparités sociales au sein des pays d'Amérique latine. Non seulement cuba est devenue la première démocratie populaire mais elle ne cache pas sa volonté d'exporter sa révolution partout en Amérique latine. L'hostilité du gouvernement américain renforce la popularité de Cuba. Cuba soutient des mouvements d'émancipation en Afrique et agit à la fois pour son propre compte de missionnaire de la révolution et pour le compte de Moscou.
La crise du leadership américain
Jusqu’à la fin des années 1970, les Etats-Unis veillent au maintien du statu quo politique dans l’hémisphère occidental. Depuis 1962 ils tolèrent l’existence de Cuba mais partout ailleurs ils pratiquent une politique d’endiguement, en témoignent leur soutient au coup d’Etat mené par Pinochet (Chili) face à l’expérience marxiste d’Allende (président chilien). Ils apportent ainsi leur soutient à des dictatures et ils éliminent les dirigeants des Etats jugés dangereux pour leurs intérêts et pour la stabilité de la région. L’attitude des Etats-Unis à l’égard de l’Amérique latine subit une profonde transformation sous la présidence de Jimmy Carter qui proclame son attachement aux droits de l’homme et au principe de la souveraineté des nations. Ainsi, les Etats-Unis pratiquent une politique d’aide sélective envers les Etats latino-américains, réduisant l’appui militaire et financier aux dictatures du Chili et d’Argentine. Ainsi disparaît une marque de l’impérialisme des Etats- Unis en Amérique latine. Mais le bilan de la « doctrine Carter » reste incertain. Les forces révolutionnaires en profitent pour occuper le terrain. Elles s’emparent ainsi du pouvoir dans l’île de la Grenade, en mars 1979. Au Nicaragua, en juillet 1979, les guérilleros du front sandiniste (parti politique nicaraguayen) de libération prennent le pouvoir. Le risque de contagion révolutionnaire inquiète les Etats-Unis qui à partir de l’arrivée au pouvoir de Ronald Reagan, en novembre 1980, réagissent par une aide militaire et financière aux Etats et aux forces contrerévolutionnaires et par un plan d’aide aux Caraïbes.
Le plan Reagan de février 1982 pour l’Amérique centrale, vise à contenir la subversion en promouvant la démocratie, le dialogue, le développement et la défense. Intervention dans l’île de Grenade, en octobre 1983, traduit la volonté du gouvernement Reagan de réaffirmer son autorité dans les caraïbes. Mais le principal problème est celui du Nicaragua. Lâché par les Etats-Unis, le général Somoza abandonne le pouvoir en juillet 1979 dans une atmosphère de guerre civile. L’aide américaine au Nicaragua désormais dirigé par les Sandinistes est suspendue et la guerre civile reprend en 1982, animée par les forces contres révolutionnaires (les contras) soutenue par l’Amérique de Reagan. Mais le Congrès rechigne à renouveler l’aide militaire aux Contras. Dans leur volonté de maintenir une pax americana (hégémonie américaine) en Amérique Latine, les Etats-Unis doivent tenir compte de la volonté d’indépendance des dirigeants latino-américains, de l’émergence de nouveaux acteurs comme le Mexique, le Brésil ou le Venezuela, ainsi que des réserves formulées à l’égard de leur politique par des dirigeants occidentaux (Mitterrand).
Cette « crise du leadership américain » sur l’Amérique latine se manifeste clairement lors de la guerre des îles Malouines, au printemps 1982. On assiste à un conflit territorial entre la Grande Bretagne qui occupe les îles Malouines depuis 1833 et l’Argentine qui la revendique comme son propre territoire. En avril 1982 le président argentin fait occuper par surprise Port Stanley. Margareth Thatcher n’hésite pas à envoyer toute la marine anglaise et en juin 1982, les forces britanniques reprennent Port Stanley.
Aussi les Etats-Unis doivent choisir entre deux types d’alliances, celle de l’Atlantique Nord et celle du continent américain. Le président Reagan prend le parti de soutenir le Royaume Uni, s’attirant ainsi le ressentiment de l’Argentine et de nombreux Etats latino-américains et permettant aux Russes et aux Cubains de marquer des points dans la région. Cette guerre permet en Argentine la chute du régime militaire et l’avènement d’un régime libéral. De façon générale, d’ailleurs, la démocratie fait des progrès en Amérique latine. (Venezuela et Colombie 1958, Pérou 1978, Bolivie 1981, Brésil, Argentine et Uruguay 1984).