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Les abstractions de Platon

Platon est né au Vème siècle et est un aristocrate. Il appartient à la famille royale de Crodos et descendait par sa mère de la famille de Solon. Il sera éduqué par les sophistes qu'il critiquera et se destine à l'activité politique, à la participation au gouvernement de la cité et il suivra les enseignements de Socrate pendant 7 ans.

Il se forme à la méthode du dialogue (la maïeutique). Platon asistera aux excès du gouvernement des Trente tyrans. Parmi eux, il y avait son oncle et son cousin.

En 399, il assiste à la condamnation de Socrate et la démocratie deviendra pour lui l'évidence du mal politique. C'est le scandale de l'aveuglement populaire qui a été le mal le plus abominable. Platon dénoncera les faux maîtres dont l'art est celui de la flatterie. Platon s'éloignera alors de la vie politique et se consacrera à la philosophie qui devient son mal-être politique. Platon partira alors pour la Sicile et se rend à la cour du tyran de Syracuse, Denys. Il essaie ici d'établir une forme de régime philosophique. Platon se disputera avec Denys et il reviendra à Athènes. Son voyage de retour sera rendu terrible par Denys l'Ancien qui l'avait fait embarquer sur un bateau spartiate. Ce bateau fera escale sur l'île d'Egine qui était en guerre contre Athènes et il y sera vendu comme esclave. Il sera racheté par un riche Grec, Anniceris qui est un des amis de Platon.

Platon reviendra donc à Athènes et fondera l'école de l'Académie qui est la première école de philosophie installée dans les jardins d'Académos, héros athénien.

Cette école va de suite plaire et sera regardée comme une école de citoyen, une pépinière pour les futurs hommes d'Etat. Parmi les élèves, se trouvait Aristote venant de Macédoine. Platon enseignera et écrira. Son oeuvre sera traversée par ses déceptions et ses préoccupations politiques et il écrira jusqu'en 347. Il y a trois dialogues particulièrement consacrés

à la politique :

– La République achevée vers 375

– La politique

– Les lois

Platon revient sans cesse de ses chemins idéaux vers une politique plus réaliste. Dans La République Platon étudie tous les défauts des régimes politiques et y livre la vision utopique de la cité juste. Il y reprend la distinction d'Hérodote des régimes selon le nombre des gouvernants. Il y écrit la dégénérescence possible. Platon étudie en fait la pathologie des régimes politiques et montrera le meilleur des régimes politiques qui est l'aristocratie pouvant s'abîmer en timocratie où viennent se mêler vertu et richesse. Cette timocratie va se dégénérer en démocratie qui se transforme inévitablement en tyrannie.

Parmi toutes ses critiques, les plus graves sont celles réservées à la démocratie qu'il appelle encore l'isocratie. On peut avoir l'impression que lorsqu'il parle de la démocratie, il parle de la bêttise humaine : « l'origine de l’État démocratique est une perversion de l'oligarchie qui a multiplié les riches parasites et les miséreux, conscients de leur pauvreté et jaloux des riches, voudront devenir des hommes démocratiques » . La démocratie est donc le gouvernement des pauvres contre les riches, cela est par conséquent le gouvernement du plus grand nombre contre les moins nombreux. Il affirme ainsi que « A mon avis, la démocratie s'établit quand les pauvres, victorieux de leurs ennemis, massacrent les uns, bannissent les autres et partagent avec ceux qui restent le gouvernement par l'élection ou le tirage au sort ».

La démocratie devient ici la cause de tous les maux, « c'est le règne de la sottise, de la flatterie, de l'illusion, du désordre, de la confusion. La démocratie c'est le grand bazar. C'est le gouvernement du peuple qui est un gros animal ».

Un animal dangeureux du fait de ses passions et de ses caprices, il connnaît des revirements brutaux.

Il y a des raisons à ces malheurs et Platon démontre que les magistratures et les fonctions gouvernementales ne sont pas attribuées aux plus vertueux mais le plus souvent à des incapables, à des corrompus désignés par les électionns ou le tirage au sort. La démocratie repose également sur la convoitise, sur la jalousie, sur l'opposition des riches et des pauvres. Ce régime est donc incapable de construire une unité politique, qui est une valeur fondamentale pour lui.

La démocratie est donc l'absence de discipline, de contraintes. C'est le régime de ceux qui sont « vides d'étude et de belles occupations, c'est le règne de la sottise, des sophistes, de la flatterie, du désordre ».

Selon Platon se pervertit inévitablement en tyrannie car « l'excès de liberté engendre l'excès de servitude » . « Quand une cité démocratique trouve à sa tête de mauvais échonsons, le peuple ne connaît plus de mesure, alors si ceux qui gouvernent ne sont pas extrêmement dociles et ne donnent pas une complète liberté, le peuple les met en accusation et les châtie comme des criminels. Et alors les gouvernants ont l'air de gouvernés et le gouvernés ont l'air de gouvernants. »

Selon Platon, la démocratie n'est pas le seul régime à critiquer, il y a d'autres éléments politiques comme la timocratie qui laisse trop de place à la richesse, aux ambitions. Elle donne le pouvoir aux riches, on laisse trop de place aux intérêts particuliers.

La tyrannie, elle, laisse pouvoir entre les mains du sot, du méchant. La tyrannie « est bonne si le tyran est bien conseillé par un philosophe » ou si le tyran est lui-même philosophe.

Platon va alors représenter la forme idéale de gouvernement avec le pouvoir donner aux grands, aux meilleurs, aux savants avec l'idée du savoir et la connaissance qui précède l'action.

Selon lui, cette cité ne contient pas de dégénérescence. Elle emprunte ce qu'il y a de meilleur dans les régimes politiques existants. Cette cité sera parfaite car reposant sur des valeurs morales, sur une éthique. Selon Platon, la famille et la propriété seraient supprimées. Platon parle d'une répartition arithmétique de la terre en se fondant sur un principe d'égalité et il proposera par la suite une vision géométrique de la répartition.

Avec la vision géométrique, on s'écarte de la pure égalité dans la répartition de la propriété. Cette communauté des biens va se répartir entre les gardiens parfaits . La moindre possession de ces gardiens ferait d'eux des tyrans. Ils deviendraient « haïs et haïssant,

traqués et traquant » s'ils possédaient.

Cette idée de communauté doit aussi intéresser l'éducation et Platon parlera d'une communauté d'éducation des filles et des garçons. Une autre communauté sera celle des femmes et des enfants avec tirage au sort des épouses avec une possibilité de tirer à nouveau au sort. Cela allait dans le sens de l'unité.

Les esprits se tourneraient vers les fins de l'existence, « l'exercice de la vertu ». Cette idée sera très répandue en Grèce notamment avec Aristophane qui en parlera dans Les femmes à l'Assemblée. Dans cette comédie, on voit un grand changement d'état d'esprit de la part d'Aristophane. L'auteur est ici atteint par la lassitude. Le choeur a un rôle beaucoup moins important. Dans cette pièce, Aristophane essaye de répondre à la crise athénienne. L'histoire de cette pièce est celle du complot des femmes en ayant assez de la mauvaise gestion de leurs maris. Elles se mêlent alors de la vie politique et vont intervenir dans les affaires publiques. C'est l'une des premières comédies où les femmes prennent une réelle importance. Praxagora attend ses amies une lampe à la main. Les femmes portent des barbes postiches et ont pris les habits de leurs époux. L'idée est de se rendre en foule à l'Ecclesia et de proposer un décret qui confierait tout le pouvoir aux femmes. Une fois le vote effectué, les femmes vont se rendre vers la communauté des divinités pour célébrer leur victoire.

Le mari de la meneuse se réveille habillé en femme comme tous les autres hommes. Un

des hommes qui n'avait pas dormi confirme que les femmes ont pris le pouvoir. En rentrant, la meneuse avoue ses actes à son mari et affirme qu'elle désire mettre en place le communisme. Elle propose la transformation des tribunaux et des lieux de discours en salle de banquet dans lesquelles les femmes inviteront les hommes à de dîners publics. Les femmes auront alors le droit de choisir leurs époux avec la femme la plus vieille et la plus laide pouvant choisir en première.

Aristophane se moque alors ici réellement de Platon.

La cité parfaite doit être composée de 3 groupes de citoyens selon leurs vertus et leurs connaissances . :

– le premier de ces groupes se trouvant en haut de la hiérarchie , il y a les gouvernants qui sont des âmes d'or, ils vont diriger, ils aiment la sagesse.

– Il y a ensuite les gardiens simples, les guerriers qui sont des âmes d'argent – il y a ensuite le reste de la plèbe (agriculteurs, artisans...) qui sont des âmes de fer. Dans cette hiérarchie, ce sont donc les philosophes-rois. Ils ont osé se détacher des reflets qu'ils entrevoyaient pour connaître l'illumination. Platon propose de laisser à ces gardiens parfaits le contrôle de la cité. Ce sera la domination de « l'intelligence ». Ce sont les aristocrates ( aristoi : les meilleurs ) qui gouverneront ici . En proposant ce modèle de type aristocratique, Platon utilise la méthode utopique qui peut être très dangereuse car elle peut servir une idéologie, un totalitarisme.

Platon va proposer un encadrement quotidien de la vie avec tous les aspects de la vie prévus par l’État qui veillera à la morale des citoyens. Il y a une négation des liens personnels chez Platon pour que soient établis des liens impersonnels entre les citoyens et la cité.

Cette morale devait consolider l'union de la cité. Il y a chez Platon une théorie du bon usage du repas pris en commun. C'est un aspect d'encadrement totalitaire de la vie. Il y aura aussi un envoi de magistrats dans les fêtes de la jeunesse pour contrôler la jeunesse, pour l'épier. L'ivresse permet de voir le fond de l'âme des jeunes.

La cité idéale doit également être éloignée de la mer car la mer place en contact avec l'étranger et l'extérieur qui sont des sources de dégénérescence. L'étranger peut corrompre. Platon va alors admirer Sparte car c'est la cité se rapprochant le plus de sa vision. Cette cité est rurale ce qui est positif car la ville corrompt, l'air y est plus pur. Sparte aura par la suite beaucoup d'admirateurs dont Machiavel mais aussi Rousseau, Hitler...

Selon Platon, cette cité parfaite peut connaître des déviations, soit car le système éducatif connaît des défaillances soit à cause des dérèglements inévitables de la machine politique.

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