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Libéraux et physiocrates

L’Ecossais John Law a étudié à Londres, à Amsterdam, à Gênes, les mécanismes bancaires. Etabli à Paris, il y crée le 2 mai 1716 une banque privée, la Banque générale, qui est non seulement une institution de dépôt et de change, mais qui émet des billets de banque garantis par les dépôts et remboursables à vue contre leur valeur en argent.

Ces billets, qui circulent dans le public comme une véritable monnaie beaucoup plus pratique que la monnaie métallique, connaissent un grand succès et son bientôt acceptés par les caisses royales.

L’année suivante, Law crée en août 1717, la compagnie d’Occident, au capital de cent millions de livres, sous forme de 200 000 actions de 500 livres chacune.

Banque et Compagnie constituent les deux piliers du système qu’a conçu Law : une banque d’Etat émet, en échange de l’or et de l’argent des particuliers, un papier qui devient monnaie légale et facilite la croissance de la production et des échanges.

Le stock métallique ainsi drainé est investi dans une compagnie, en plus des actions lancées par celle-ci dans le public.

La compagnie met en valeur les colonies françaises et contrôle peu à peu, directement ou non, toutes les grandes activités productrices du royaume.

Les bénéfices réalisés permettent non seulement d’éteindre très vite les dettes de l’Etat, mais de garantir, au-delà du stock métallique, le papier émis par la banque et même, à terme, de supprimer les impôts pour les remplacer par un impôt unique sur les revenus des terres et perçu directement par la banque.

L’expérience qui dure deux ans (décembre 1728-décembre 1720), se termine en catastrophe après des débuts encourageants. Au début de 1720, à l’annonce des très maigres dividendes à distribuer par la compagnie, le public commence à prendre peur. Plusieurs grands seigneurs se font rembourser en numéraire leurs billets et leurs actions, déclenchant la panique en février.

En ce qui concerne les actions, la spéculation joue en sens inverse, encouragée par tous les ennemis de Law, en particulier les financiers et banquiers mis à l’écart par l’application du système : après la course à l’achat, c’est la course à la vente, chacun voulant se débarrasser des actions qu’il possède à quelque prix que ce soit.

En même temps, les guichets de la Banque sont pris d’assaut par les porteurs de billets voulant se faire rembourser en numéraire ; très vite, l’encaisse est épuisée et les remboursements interrompus.

Law essaie de résister en faisant acheter en sous-main les actions pour relever les cours et en imposant le cours forcé des billets de la banque. Rien n’y fait. Il doit se cacher en octobre, puis en décembre 1720 s’enfuir à Bruxelles. Il mourra à Venise dans la misère en 1729.

Les conséquences : un certain nombre de particuliers (moins qu’on ne l’a dit à l’époque) et surtout de collectivités (communautés religieuses entre autres) en sortent partiellement ruinés. L’opinion publique en garde pour longtemps une défiance générale pour le papier-monnaie et pour les institutions de crédits.

Pour les physiocrates dont le médecin François Quesnay (1694-1774) est le chef de file, c’est le travail de la terre qui est le fondement de toute richesse ; c’est pourquoi les propriétaires terriens doivent avoir une place privilégiée dans la société. Sans remettre en cause cette primauté de l’agriculture Jean-Claude Vincent de Gournay (1712-1759) et Turgot, futur ministre de Louis XVI, estiment que l’industrie et le commerce ne peuvent prospérer que dans la liberté et le lancent la formule « laissez faire, laissez passer ».

« La liberté générale d’acheter et de vendre, écrit Turgot, est le seul moyen d’assurer d’un côté au vendeur un prix capable d’encourager la production, de l’autre au consommateur la meilleure marchandise au plus bas prix. »

Petit-fils et fils d’intendant et de prévôt des marchands de Paris, Turgot (1727-1781) a été lui-même, de 1761 à 1774, intendant en Limousin où il a pu expérimenter ses idées d’économiste disciple de Quesnay et de Vincent de Gournay ; il a collaboré à l’Encyclopédie et publié en 1770 des Lettres sur la liberté du commerce des grains.

D’emblée, il propose au roi de résorber le déficit sans recourir aux expédients habituels (« point de banqueroute, point d’augmentation d’impôts, point d’emprunts »), mais grâce à de sévères économies et surtout à un meilleur rendement de la fiscalité résultant d’un enrichissement général.

Il réalise les économies annoncées en supprimant des offices inutiles, en diminuant certains traitements, en contrôlant plus étroitement les dépenses. Mais surtout, il prend une série de mesures susceptibles à des yeux de favoriser l’accroissement de la richesse nationale.

L’édit du 13 septembre 1774 rétablit la liberté du commerce des grains. Malheureusement, la mauvaise récolte de 1774 provoque, au printemps 1775, disette et cherté du pain, aggravées par la spéculation. Une partie de l’opinion publique rend Turgot responsable, la légende du pacte de famine rend corps, des émeutes éclatent en avril et mai 1775 notamment dans la région parisienne.

Turgot réprime durement cette « guerre des farines ». En janvier 1776, il supprime la corvée royale et la remplace par la subvention territoriale, impôt en argent sur les propriétés foncières, et supprime également les jurandes et maîtrises, rendant ainsi le travail libre.

Le ministre a d’autres projets, entre autres la mise en place de municipalités, c’est-à-dire d’assemblées paroissiales, provinciales et nationale élues par les propriétaires, mais les mesures déjà prises heurtent trop de privilèges.

Le roi résiste d’abord en imposant au parlement de Paris l’enregistrement des édits de janvier, puis cède à une cabale menée par la reine et disgracie Turgot le 12 mai 1776.

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