Section 3 – Les querelles bonifaciennes et les doctrines régaliennes
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Il y a à l'époque face à face le pape Boniface VIII et le roi Philippe IV. Philippe le Bel décide de lever des taxes sur les biens de l'Eglise de France sans demander l'autorisation du pape.
Cela sera appelé plus tard le « don gratuit ».
Boniface va alors immédiatement répliquer et dire la nécessité de cette autorisation en rappelant l'impossibilité de taxer l’Église. Il y avait aussi le rejet de la supériorité du roi.
Le roi reçoit cette missive et réplique avec ses légistes en empêchant l'envoi des fonds que le royaume devait à l’Église à Rome.
Dans une bulle Etsi de statu (Bien que l’État). Le pape affirme ici que des décimes pouvaient être levés sur le Royaume de France.
Le conflit redémarrera quand Philippe fera arrêter l'évêque de Pamiers pour crime de lèsemajesté, Bernard de Saisset qui était également légat du pape. Il affirmait que le roi de France était un faux-monnayeur.
L'évêque en appelle alos au Saint-Siège. Boniface VIII rappelle dans une autre bulle en 1301, Ausculta fili (Ecoute mon fils), la théocratie pontificale.
Le pape annonce la convocation à Rome d'un concile des évêques de France qui auraient à juger le Roi et à réformer les maux du royaume.
Philippe le Bel répliquera et convoque alors une assemblée des grands seigneurs et des députés des bonnes villes.
Le pape va alors se mettre en colère et réplique dans une autre bulle contenant tout la théocratie pontificale en 1302, Unam sanctam. C'est la pièce la plus importante de l'affaire.
Elle contient les arguments et les allégories de la théocratie pontificale. Le pape est dit vicaire du Christ et ne peut donc être jugé par personne.
C'est ici la reprise extrême de la théocratie et elle sera soutenue par les canonistes comme Gilles de Rome qui est un moine augustin rédigeant un traité le De potestate papae qui reprend la théorie des deux glaives.
Il rappelle que le monde n'a qu'une seule tête qui est Rome.
Le pouvoir temporel qui a reçu l'onction est soumis au pouvoir spirituel et le pape possède la plénitude des pouvoirs.
Un autre canoniste défendra la théocratie, ce sera Jacques de Viterbe. Le pape, selon lui, a ce pouvoir de juger des souverains, il peut les déposer et les excommunier. On retrouve ici la pensée de la théocratie pontificale.
Le pouvoir spirituel englobe le pouvoir temporel mais une distinction existe cependant entre les deux.
Les écrivains régaliens, défendant le roi, sont des théoriciens se mettant au service du monarque.
Il y a parmi eux Pierre Dubois qui affirmera que la France « doit dominer le monde ».
Il expliquera cela en invoquant des motifs irrationnels liés à l'astrologie. Le pape doit attacher sa gloire, selon lui, à pardonner et à faire oraison.
Un argument avancé par les séculiers est que les laïcs coopèrent avec le clergé et les deux relèvent du Roi et non du pape.
Un pamphlet, appelé La dispute entre un chevalier et un clerc, livre l'idée d'un clergé soumis au Roi. L'auteur fait parler le chevalier : « Tenez votre langue sire clerc ».
Un troisième argument est donné, c'est celui de la sainteté de la monarchie française.
Elle est beaucoup plus sainte que Rome selon ces légistes, c'est donc à elle de veiller à la chrétienté. La canonisation de Louis IX sera la preuve de cette sainteté.
Un quatrième argument est que le pape ne bénéficie d'aucune immunité. Selon les légistes c'est un méchant qui ruine la bonne entente en Occident.
Le conflit va alors s'amplifier et glisser vers la virulence. En mars 1303, une assemblée décide alors de déposer le pape.
Philippe le Bel annonce alors sa volonté de traduire le pape devant un concile convoqué à Lyon.
Le légiste le plus virulent, Guillaume de Nogaret, est chargé d'annoncer la nouvelle au pape.
Il y a alors l'épisode d'Anagni, petite cité italienne, durant lequel une troupe convoquée de 600 cvaliers et 1000 fantassins, aidée par la famille des Colonna ennemie au pape, se rend au palais du pape. Nogaret somme alors le pape de le suivre à Lyon.
Devant le refus du pape, l'un des Colonna ou même Nogaret aurait souffleté le pape qui serait tomber à terre et aurait alors affirmé vouloir mourir pape. Le pape aurait traité Nogaret de fils de cathare. Cela choquera le pape et il sombrera dans la colère.
Il sera ramené à Rome épuisé et les Français disent que le pape devait mourir après avoir refusé les derniers sacrements.
En 1304, un nouveau pape élu, français, Clément V, annulera toutes les décisions de Boniface VIII. Il y a ici un début du gallicanisme qui affirmait que le Roi de France tenait son pouvoir de Dieu et que le clergé de France relevait donc de lui pour les questions temporelles. Cette évolution favorise alors le roi de France.
Il y aura par la suite la décision d'installer la papauté à Avignon.
De ce débat,, devait ressortir l'idée d'une symétrie entre les deux glaives et cet affrontement entre Rome et le royaume de France. La papauté va continuer à maintenir un discours théocratique.
A cette même époque sont définies de grandes théories qui viennent affirmer la puissance du Roi.