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La délicate délimitation des aires de "civilisation"

Délimiter une civilisation est une tâche rendue ardue par différents facteurs :

· Les aires de "civilisation" varient selon les critères retenus.

Ex. : Une ou trois "civilisations" occidentales ("européenne", "anglo-saxonne", "latine").

· Cohabitation possible de plusieurs "civilisations" sur un même territoire.

Ex. : Indonésie – mondes malais, chinois et indien.

· Une "civilisation" peut se développer en des lieux discontinus.

Ex : la "civilisation" chinoise sous forme de communautés hors de Chine, dans toute l'Asie du Sud et même en Amérique du Nord, voire en Europe.

· Une "civilisation" peut être influencée par une autre, sans en adopter tous les traits

Ex. : Les Japonais à la fois influencés par les "civilisations" originaires de Chine et par les caractères da la "civilisation occidentale" (cf. révolution Meiji, 1868) sans devenir pour autant des Chinois ou des Occidentaux.

Pour délimiter les grandes aires de "civilisations", on s'appuie largement sur un fondement religieux, éventuellement complété par un critère linguistique.

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Le concept de "civilisation"

Un terme apparu en France au XVIIIe siècle pour distinguer un état supérieur de la société. On oppose ce qui est "civilisé" à ce qui est "barbare" (repose sur des institutions, se développe dans des

villes et s'appuie sur un degré +/- élevé d'éducation) Dans l’optique où le terme apparait, seule la société européenne (tout particulièrement la société française) est digne d'être une "civilisation".

Ainsi, la colonisation trouva une partie de sa justification dans la volonté de "civiliser" – par la domination militaire, politique et économique – des peuples jugés proches de l'état de "nature".

Par la suite, de nouvelles significations sont apparues :

- ensemble de caractères moraux, culturels, religieux, linguistiques et matériels communs à une société ou à un groupe de sociétés.

- produit de l'histoire dans la longue durée

Avec ces nouvelles significations, il est admis qu'il existe d'autres civilisations que la civilisation occidentale, qu'il n'y a pas d'hiérarchie entre civilisations.

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La question du maillage étatique mondial

Une distinction doit être faite entre Etats de facto (de fait, sur le terrain) et de jure (juridiquement, en tant qu'entité reconnue par la communauté internationale).

La plupart des Etats sont à la fois de facto et de jure. On retrouve néanmoins certaines exceptions. Certaines entités existent de facto comme des Etats et disposent d'un territoire, d'une capitale, d'un gouvernement et d'une administration, d'une armée, d'un drapeau,… mais qui :

· Ne sont reconnues par aucun autre Etat :

Somaliland (ex-Somalie Britannique, séparée de la Somalie en 1991), Transnistrie (province autonome de la Moldavie), Abkhazie et Ossétie du Sud (séparées unilatéralement de la Géorgie),…

· Ne sont reconnues que par un autre Etat :

République turque de Chypre-Nord (autoproclamée en 1983, peuplée de Turcs, reconnue uniquement par la Turquie),…

· Ne sont reconnues que par certains Etats

Gouvernement taliban (Afghanistan, 1996-2002) reconnu uniquement par le Pakistan, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis ; la Chine nationaliste (Taïwan) reconnue comme gouvernement légitime de la Chine par une vingtaine ; le Kosovo reconnu par 75 Etats (22 membres de l'UE, Etats-Unis, Japon, mais pas Chine, Russie, Inde) ; …

· Ne sont pas reconnues par certains Etats Israël n’est pas reconnu par certains Etats arabes, qui reconnaissent en lieu et place la Palestine

À l’inverse, certains Etats existent de jure (reconnaissance par la communauté internationale, siège à l'ONU) mais qui n'existent pas ou à peine sur le terrain :

· Palestine : reconnue comme Etat par 98 autres (dont Russie, Inde, Chine, mais aussi Autriche, Pologne, …), membre de la Ligue arabe,… mais non reconnue par les Etats proche d’Israël.

· République arabe sahraouie démocratique (Sahara occidental) : reconnue par au moins une cinquantaine d'Etats et membre de l'UA (Union Africaine).

En 2010, l’ONU compte 192 Etats reconnus et 2 Etats au statut particulier d’observateur (Vatican et Palestine).

3 Etats ne sont pas reconnus par l’ONU : Taïwan, la République arabe sahraouie démocratique et le Kosovo.

Les 192 Etats de l’ONU sont d’importance diverses. On les classes selon leur superficie et leur population.

Ainsi, on compte 68 Micro-Etats, 95 Etats, 23 Grands Etats (représentants 30% des terres émergées) et 6 Macro-Etats (représentants 45% des terres émergées).

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L’Etat-Nation

État et nation sont deux notions distinctes rassemblées sous un même terme :

· État (du latin status : se tenir debout) : une forme d’organisation politique et juridique d’un territoire ou d’une société.

Il est à la fois : une structure (ensemble d’institutions), une autorité légitime (monopole de la violence légale exercée par ses institutions) et un territoire (espace soumis à l’autorité des institutions)

· Nation (du latin natio : la naissance) : un concept plus ambigu.

Thèse objective (inspiration allemande) : population partageant une langue, une religion, une histoire, un territoire, … commun(e)s.

Thèse subjective (inspiration française) : communauté d’individus unis par la volonté commune de vivre ensemble.

Synthèse : une population unie par une histoire et une culture commune, qui vit sur un même territoire et aspire à être sous l’autorité d’un même État (= L’État du coeur).

Etat-Nation apparait donc lorsque que la notion d’Etat coïncide avec celle de Nation Les Etats-Nations sont des groupes sociaux de grande taille, géographiquement délimités, défini comme des nations et juridiquement organisés en Etats.

Malgré les contestations dont il fait l'objet, l'Etat-Nation est le cadre le plus sûr (le plus simple aussi) pour identifier des sociétés dans le système monde :

- Largement pertinent pour l'Europe (sauf la Belgique ou la Suisse à cause notamment des différents langages officiels), l'Asie orientale et les Amériques.

- Moins pertinent pour l'Afrique subsaharienne, où les frontières ont été tracées dans l'ignorance et le mépris des populations qu'elles découpaient (cf. Congrès de Berlin, 1885).

Le lien entre l’Etat-Nation et la Société fait néanmoins l'impasse sur les multiples contestations séparatistes ou irrédentistes (qui souhaitent réunir à une nation les groupes ethniques de même langue ou même culture vivant dans d'autres Etats, Rassemblement Wallonie-France par exemple). Il fait également l’impasse sur les formes de société en réseaux : diasporas, religions instituées, mouvements révolutionnaires, entreprises, courants intellectuels, … qui peuvent faire preuve d'une forte solidarité transnationale

Toutefois : l'Etat-Nation reste l'archétype de la société majeure et la seule configuration assurant l'indépendance et la légitimité maximales.

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La représentation cartographique de l'identité collective

Représenter les identités collectives sur une carte est un exercice très délicat, notamment à cause du jeu des migrations, des échanges économiques, des flux d'informations, … tous les habitants d'un territoire donné partagent rarement une même identité (nationale, religieuse, linguistique, sociale, ….)

L'attribution d'une identité à l'ensemble d'un territoire est donc une vue de l'esprit.

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Autour de la notion d’identité

La notion d’identité est un concept vague, avec de multiples définitions. Pour ce chapitre, on parlera d’identité pour parler de ce qui fait qu’une société existe :

- L'identité s'incarne dans le sentiment partagé d'avoir des choses en commun.

- Ce sentiment collectif permet à chaque individu qui le fait sien de se situer, de se définir, au sein de l'oekoumène (cf. supra).

- L'identité produit donc lien social

L’identité apparait donc comme une composante importante des sociétés. En tant que sentiment partagé d'avoir quelque chose en commun, elle contribue à la reproduction sociale.

Les constructions sociales dont les participants ne partagent pas ce sentiment (p. ex. un réseau économique, une structure purement administrative, …) peuvent disparaître … même si elles forment par ailleurs chacune un système, avec sa propre logique de reproduction et de transformation.

En l’absence d'identité partagée, aucune volonté ne considère avec force que la société doit perdurer à tout prix. L’identité permet donc à une société de croitre et d’exister.

L'identité permet aux individus de se situer dans le temps, de se placer dans une communauté de destin.

Par exemple, parler de la Chine pour désigner en même temps des groupes néolithiques (dynastie légendaire des Hia), un empire agraire (époque Tang) et une société socialiste (époque de Mao) est un coup de force intellectuel. Pourtant il existe une filiation entre ces sociétés. Cette filiation est revendiquée et reproduite chaque jour par la transmission intergénérationnelle :

- Des langues

- Des réalisations culturelles

- Des multiples manières de vivre ensemble … que certains appellent civilisation.

En conclusion : aujourd'hui être Chinois ou Français, Inuit, …, mais aussi confucianiste, musulman, hindouiste,… a un encore un sens, même à l’heure de la mondialisation.

Toutefois, la mondialisation a développé l’idée de multiplicité et d’hybridation de l'identité. Chaque individu se reconnaît dans plusieurs identités : de genre, d'âge, de classe sociale, de langue, de religion, nationale, ….

Les identités individuelles et collectives deviennent donc de plus en plus hybrides. Un cas singulier : Le rap des steppes (le groupe mongol Lumino)

Le groupe présente cette hybridation de l’identité, la pochette de l'album Lamba guian Nulim en est un parfait exemple puisqu’elle reprend à la fois :

Des aspects du hip hop américain (tag du nom du groupe, logo « parental advisory: Explicit lyrics», attitude/apparence de bad boys).

Des éléments tirés de la culture mongole (costumes de guerriers de l’époque de Genghis Khan qui est vu comme le symbole de l’unité de la Nation mongole depuis la fin du communisme). Ce phénomène n’est pas marginal, on rencontre d'autres groupes de rap populaires en Mongolie (Har Sarnai, Tatar,etc). Tous ces groupes présentent des traits communs :

- Participation des rappeurs à la redécouverte de l’histoire mongole.

- Hommage à Genghis Khan via les chorégraphie, les costumes et coiffures des guerriers mongols, la dénomination (titres et groupes), les airs et textes musicaux (écrit en alphabet traditionnel et plus en cyrillique qui était l’écriture officielle sous le régime communiste).

Ce phénomène marque une articulation entre le local et le global par le biais de différents réseaux :

· À l’échelle nationale via la diffusion depuis Oulan Bator vers les villes secondaires et le monde rural

· Du global vers le local par les médias (Internet, MTV,… qui diffusent le hip-hop depuis ses lieux d'émergence (aux Etats-Unis) vers les périphéries)

· Du local vers le global par le réseau du monde musical asiatique (concerts de groupes mongols en Chine, au Japon, en Corée du Sud) et par la diaspora mongole qui diffusent ce style musical vers l'extérieur.

Le Hip-hop devient ainsi une métaphore de la Mongolie actuelle :

- Hybridation culturelle : ancrage local tout en conservant des liens avec les formes originales.

- Vecteur du renouveau nationaliste après le communisme.

- Vecteur de revendications de la jeunesse (pauvreté, alcoolisme, chômages, corruption, …)

Ainsi, dans un contexte de transition économique tumultueuse (paupérisation, croissance urbaine, crise du nomadisme, …), le hip-hop permet dans un même mouvement :

- Une ouverture assumée sur le monde occidental

- Une réaffirmation de l'identité locale, par référence à Genghis Kan, symbole de la force, de l'unité et de l'ordre.

On a donc affaire à un phénomène de glocalisation du hip-hop : un ancrage américain auquel vient s’ajouter des formes d’autonomisations locales.

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