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Filtrer les éléments par date : juillet 2014

La généralisation abusive

La généralisation abusive procède essentiellement d’un décalage entre les matériaux empiriques mobilisés à l’appui d’une démonstration et le degré de généralité auquel prétend cette interprétation. Le reproche formulé à l’égard de certaines interprétations qui se veulent très générales tient ainsi au fait que les bases empiriques sur lesquelles elles reposent ne sont pas assez solides, ne constituent pas un socle suffisamment stable pour soutenir empiriquement l’interprétation proposée par le chercheur.

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Les défauts de cohérence logique

Un premier ensemble se dégage, au sein duquel on trouve les défauts de cohérence logique de l’appareil conceptuel, indépendamment des qualités ou des défauts méthodologiques qu’un travail de recherche peut comporter.

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La surinterprétation :

Même en l’absence de démarcation claire entre interprétation et surinterprétation, l’idée même de surinterprétatioon peut paraître comme difficile à défendre, elle est en fait mise en pratique de façon continue par la communauté anthropologique, au sain de laquelle la qualité des travaux de uns et des autres est évaluée, soupesée en continu par les membres de la communauté professionnelle qui partagent un ensemble d’intérêts de recherche.

Avec Olivier de Sardan, on peut convenir qu’il y a surinterprétation dans «tous les cas où apparaît une contradiction significative entre les références empiriques et les propositions interprétatives».

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Interpréter des matériaux empiriques

Les interprétations du monde social proposées par les anthropologues sont censées reposer sur la discussion de matériaux empiriques, et ne pas relever d’idées préconçues sur le monde social. Il y a ainsi ce qu’on peut appeler des « contraintes empiriques » à l’interprétation anthropologique.

Ainsi, les interprétations anthropologiques doivent-elles présenter à la fois une cohérence logique, et un ancrage dans les matériaux empiriques à partir desquels ces interprétations sont produites. Les travaux anthropologiques s’efforcent de préserver « un double lien » :

- un lien entre les données obtenues et le « réel de référence » est assuré par le respect de procédures méthodologiques qui assurent une certaine validité aux données.

- un lien entre les données obtenues par l’enquête et les interprétations qui sont construites par l’anthropologue : l’interprétation en anthropologie, comme en sciences sociales en général, se distingue de « l’interprétation libre » du sens commun ou de la spéculation philosophique par son souci d’une référence à un corpus de données systématiques produites par l’enquête empirique.

Les travaux en anthropologie sont donc tenus de respecter à la fois une rigueur logique, une rigueur méthodologique, et enfin une rigueur interprétative. C’est en comparaison de cette triple rigueur qu’est évaluée et que leur est reconnue une plus ou moins grande plausibilité.

Un point essentiel pour rendre compte des pratiques corruptives réside dans la reconnaissance de leur « enchâssement ». En particulier, les pratiques corruptives sont enchâssées dans le fonctionnement des administrations, lui-même enchâssé dans un ensemble de logiques sociales, qui sont elles-mêmes situées historiquement.

Les pratiques corruptives sont donc d’abord enchâssées dans des pratiques administratives et par exemple dans le recours à des «bénévoles » de tous ordres qui se chargent des tâches que devraient exercer les fonctionnaires (ex : morgue CNHU, bénévoles des contrôles routiers, etc.), lesquels doivent être gratifiés. L’enchâssement existe enfin également dans un ensemble de «logiques sociales et culturelles », à savoir notamment :

- le pluralisme des normes et la valorisation de « la personne avant l’institution » : il y a souvent plus d’un système de normes qui peut s’appliquer, dans la vie sociale d’une manière plus générale, et la personnalisation des relations est importante.

- une « surmonétarisation » des relations sociales, et l’importance du recours à l’argent dans toute une série de situations de la vie quotidienne.

- le « coût social de l’intégrité ». Se tenir à l’écart des pratiques corruptives, conçues dans une série de configurations comme une manifestation normale de solidarité et de compréhension, a un coût social qui peut s’avérer élevé (ostracismes, mises à l’écart)

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L’articulation à la littérature existante

Les anthropologues sont toujours amenés à situer leurs observations et leurs interprétations dans l’espace des savoirs anthropologiques. L’histoire de l’anthropologie comme des autres sciences sociales est jalonnée de discussions questionnant le bienfondé de telle ou telle approche d’un phénomène donné. Toute recherche empirique conçue dans un dialogue avec les travaux existants, toujours un travail de lecture, travail documentaire, qui est préalable à la réalisation de l’enquête de terrain. Cette étape documentaire est indispensable pour deux raisons :

1. Etre informé des recherches déjà menées: savoir ce qui a déjà été produit sur un sujet permet de mettre en place une certaine cumulativité. Il faut donc connaître « l’état de la question ».

2. Sur le plan de la préparation de la relation d’enquête, développer une certaine connaissance de la réalité sur laquelle on entend mener une enquête permet aussi d’accumuler une certaine compétence sur le sujet de la recherche envisagée, et de gagner ainsi en légitimité aux yeux des personnes auprès desquelles l’enquête sera menée.

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La pluralité des méthodes en anthropologie

Si c’est pour l’observation participante que l’anthropologie est connue sur le plan méthodologique, les méthodes d’investigation empirique mobilisées par les anthropologues s’est aussi depuis longtemps élargi à d’autres formes de l’enquête. L’observation s’est faite plus ou moins participante selon les cas et les recherches menées en anthropologie.

Dans les cas d’implication forte, on est allé jusqu’à parler de « participation observant » pour rendre compte de degrés d’implication élevés. Mais dans bien d’autres cas, les anthropologues restent à des formes d’observation qui n’impliquent pas nécessairement une participation importante, ni même significative, dans les situations sociales auxquelles ils assistent.

Les thèmes de recherche pour lesquels il est difficile de concevoir une implication de l’ordre de la ‘participation observant’ abondent, et bien des enquêtes anthropologiques se mènent en suivant au plus près les activités du groupe social, mais sans pour autant que la participation à l’ensemble des activités s’avère essentielle. Une qualité importante demandée à un anthropologue est aussi de savoir « trouver sa place », puisque l’anthropologue qui s’engage dans une enquête de terrain va devoir évoluer sur un lieu qui n’est pas le sien mais celui du groupe social au sein duquel il a une position d’observation.

L’enquête de terrain menée par observation participante et entretiens est toujours faite par un anthropologue singulier, elle ne consiste jamais en une observation ‘brute’ indépendante des intérêts de recherche et des questions que se pose l’observateur. Un certain nombre de dispositifs méthodologiques doivent permettre aux personnes auxquelles est livré le travail de pouvoir en évaluer la robustesse et la plausibilité empiriques.

Parallèlement à l’observation et à l’entretien, les anthropologues ont rapidement commencé à déployer d’autres dispositifs méthodologiques.

En effet, en plus de l’implication dans les situations et les routines de la vie quotidienne qui forment souvent le coeur de l’observation participante, les anthropologues ont depuis longtemps cherché à mettre en place des formes d’observation plus standardisées, permettant de déboucher sur les formes de quantification.

On peut concevoir autant de dispositifs de cet ordre que d’objets de recherche : le relevé des temps de travail moyens d’un homme et d’une femme dans le groupe social peut constituer un indicateur de la division sexuelle du travail et des rapports sociaux de sexe dans ce groupe ; la mesure de la taille des parcelles cultivées peut aider à comprendre les rapports hiérarchiques entre familles ou entre lignages dans une communauté villageoise, etc.

Enfin, il y a plusieurs décennies aussi que les anthropologues se sont convertis à l’usage et à l’exploitation de sources écrites. Les anthropologues en sont progressivement venus, au cours du XXe siècle, à s’intéresser de plus en plus près aux sources écrites qui pouvaient les aider à remettre leurs données en perspective historique. En outre, parallèlement à cet intérêt croissant des anthropologues pour les mises en perspectives historiques de leurs objets d’étude dans les dernières décennies, les anthropologues ont aussi tout simplement eu à faire face à la production d’écrits par les membres des groupes sociaux auxquels ils s’intéressaient.

Ainsi, les anthropologues sont aujourd’hui souvent amenés à adjoindre aux méthodologies classiques de l’observation participante et de l’entretien d’autres types de données qui peuvent de recension, de la consultation de sources écrites (ou audio ou vidéo, etc.) plus ou moins directement lié à leur objet de recherche. La combinaison des données doit se faire dans un esprit d’éclectisme raisonné, chaque type de données étant susceptible d’amener un éclairage spécifique.

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Le canon méthodologique des Argonautes du Pacifique Occidental

Ecrit par B. Malinowski3 en 1922. Il formule ce qui doit constituer l’essentiel de la méthode de l’enquête de terrain anthropologique, considéré pendant longtemps comme un modèle d’explicitation du canon méthodologique de l’anthropologie.

Malinowski dégage des principes de méthode : l’idée que l’immersion véritable et de longue durée d’un anthropologue formé théoriquement dans une société donnée, couplée à un certain apprentissage de la langue locale, est seule à même de permettre une connaissance intime des usages et le la vie quotidienne, de devenir familier des manières locales de faire et de penser, dont l’ensemble des règles et des régularités doivent être étudiées de façon approfondie, en procédant aux recoupements des données qui s’imposent.

Trois points doivent encadrer l’observation participante :

1. Il souligne la nécessité pour les anthropologues d’expliquer précisément les conditions de leur travail d’enquête, les modalités pratiques de celui-ci. L’anthropologie doit expliquer les conditions de productions des ses données: comment elles ont été obtenues (entretien, observation), auprès de qui, dans quelles circonstances, etc. Comme le font les sciences de la nature, cependant peu d’anthropologues considèrent aujourd’hui les sciences de la nature comme un modèle de scientificité vers lequel devraient tendre les sciences sociales. On considère aujourd’hui, que toutes les sciences ne peuvent pas nécessairement exprimer leurs résultats sous forme de lois, mais qu’il n’y a pas de raison véritable pour autant à réserver l’appellation de ‘sciences’ aux savoirs scientifiques qui peuvent être formulés sous la forme de lois.

L’idéal malinowskien n’a pas été très largement partagé, et l’explicitation de conditions du « terrain » n’est pas le fort des anthropologues. Les pratiques concrètes du terrain se présentent selon les traditions anthropologiques nationales.

2. Ensuite, Malinowski insiste pour bien différencier ce qui relève du compte rendu d’observation (la description d’une scène de la vie quotidienne) et ce qui relève de l’interprétation de l’anthropologue (ce que, aux yeux de l’anthropologue, cette scène donne à voir des rapports entre hommes et femmes). Malinowski pense qu’il ne suffit pas aux anthropologues de lire des comptes rendus d’observations, mais qu’ils doivent se rendre eux-mêmes « sur le terrain », pour réaliser les observations à travers lesquels ils produiront les matériaux empiriques (les ‘données’) destinés à étayer leurs interprétations du phénomène qu’ils se sont donnés pour objet.

C’est l’observation réalisée par des anthropologues formés à l’enquête de terrain qui permet la réalisation d’observations d’une qualité scientifique suffisante pour nourrir la recherche. Établir une distinction claire entre observation et interprétation peut sembler être de bon sens, mais sa portée doit être relativisée. En effet, dans l’esprit de Malinowski, l’observation se situe clairement du côté de l’objectivité et du constat pur. Or, l’évolution de la réflexion épistémologique a amené à reconnaître qu’il n’y a pas d’observation indépendante des intérêts du chercheur. Un tel constat épistémologique amène dès lors à relativiser la distinction entre observation et interprétation. Ex : si on demande à dix personnes, placées à un arrêt de bus sur une place passante à une heure de pointe, de décrire ce qu’ils ou elles observent pendant trente minutes, on obtiendra très probablement dix récits différents, selon les intérêts de chacun... C’est d’ailleurs parce qu’il n’y a pas d’observation ‘brute’ qu’il est plus juste de parler de production de données que de collecte ou de récolte de données. Cela ne signifie évidemment pas qu’il n’existe pas de réel de référence dont l’enquête empirique peut rendre avec plus ou moins de précision et de méticulosité. Mais parler de ‘production’ des données rend compte de façon à la sélection selected que le chercheur opère toujours dans le réel, en se focalisant sur tel ordre de faits, en posant tels questions, etc. Pour Malinowski comme pour la communauté anthropologique dans sa quasi-totalité, l’observation n’en reste pas moins irremplaçable.

Elle permet en effet une richesse d’information avec laquelle les seuls entretiens, ou questionnaires, ne peuvent véritablement rivaliser. Il y a des thèmes de recherche, pour lesquels la conduite d’entretiens s’avère irremplaçable, et d’autres où la puissance de l’objectivation statistique produit des résultats décisifs. Les qualités de l’observation se situent pour leur part du côté de la densité informative qu’elle peut receler.

3. Troisième commandement méthodologique, la nécessité de prendre en compte le point de vue des ‘natifs’ du lieu. Ainsi, la prise en compte du sens que les acteurs donnent à leurs actes et à leurs interprétations constitue une posture commune et essentielle pour la très grande majorité des anthropologues. La prise en compte des « perspectives locales », l’importance de rendre compte des mondes sociaux observés « dans leurs propres termes », sont essentielles dès le moment de l’observation et de la production des données dans les pratiques de l’enquête de terrain : la prise en considération des catégories locales de pensée est un passage méthodologique obligé.

Pour autant, l’anthropologie, pas plus que les autres sciences sociales, ne saurait se réduire à une restitution du point de vue que les acteurs peuvent avoir sur leur propre pratique, sans travail d’analyse : il peux exister des décalages entre le discours et la pratique. Etre à l’écoute de ce que les acteurs sociaux ont à nous dire est important et nécessaire, mais pas suffisant.

La conception malinowskienne de la méthode de l’anthropologie est à certain point de vue daté car il ne peut échapper à son époque. Avant, la conception de l’anthropologie comme une discipline se pratiquait en dehors du monde occidental, auprès d’une population qui relevait d’une « humanité sauvage », c’est le résultat d’une vase entreprise comparative. Aujourd’hui, l’anthropologie peut se pratiquer dans tous les mondes sociaux. Maintenant, on peut se dire que les terrains d’anthropologies en dehors du monde occidental est l’exception plutôt que la règle. Bien que les principes de Malinowski soient dépassés, ils inspirent toujours. D’une certaine manière, ni la nécessité d’expliquer scrupuleusement les conditions de production, ni la distinction entre observation et interprétation ou encore l’idée d’une coupure épistémologique ne font plus l’unanimité. De plus, l’anthropologie se pratique plus qu’en dehors du monde occidental. Cette idée est devenue trop ambitieuse et irréaliste. Mais l’explication méthodologique, la prise en considération du point de vue indigène et la reconnaissance que l’anthropologie a mis en place des concepts et des notions qui ressemblent mais sont aussi différents aux discours anthropologique, ne constituent pas une réponse unique mais un ensemble de bonne réponse.

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Produire des données

La spécificité de la méthode anthropologique : l’observation participante. L’enquête de terrain de longue durée par immersion au sein d’un groupe ou d’un monde social (méthode partagée avec la sociologie).

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Anthropologie sociale ou culturelle

discipline dont l’objet est l’étude de l’homme en société sous tous ses aspects, et ce dans une perspective comparative.

La vie en société et la condition humaine ne peuvent depuis longtemps se comprendre sans la mise en perspective comparative de telle ou telle expérience sociale ou culturelle. Une vieille habitude de pensée disciplinaire suggère que le détour par d’autres sociétés ou d’autres cultures peut aider à mieux comprendre tant les aspects singuliers que plus communs dans telle ou telle société.

L’anthropologie est, historiquement, la discipline des sciences humaines qui a fait l’usage le plus large de la comparaison (question de degré) entre sociétés ou entre cultures en s’intéressant d’emblée à d’autres sociétés et à d’autres cultures.

Développer une définition méthodologique de la discipline en cherchant à répondre à «qu’est- ce que l’anthropologie ?» à partir de «qu’est-ce que faire de l’anthropologie ?»

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